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Je reconnais être hautement satisfaitǝ que le mail de la semaine tombe tout pile le 1er janvier 2025 ! Quelle meilleure date pour récapituler l’année précédente et se projeter dans la suivante ?
Avant tout, place aux vœux : que cette nouvelle année soit réconfortante, paisible et chaleureuse. Qu’elle vous permette de vous délester de fardeaux du passé, seulǝ ou avec l’aide de personnes autour de vous. Qu’elle soit celle de la réalisation de vos projets les plus intimes ou les plus ambitieux.
Que cette année vous donne l’occasion de devenir un peu plus la personne que vous souhaitez être – ou de continuer à mouler le cuir de cette personne et de vous y sentir de plus en plus confortable !
Je vous souhaite d’oser parler quand c’est nécessaire et de savoir vous taire quand il faut écouter. Je vous souhaite plein de petites et de grandes joies, de regarder le ciel qui rosit à l’aube ou rougit au crépuscule, de contempler la beauté du monde et de retrouver votre émerveillement de l’enfance, même – ou peut-être surtout – quand vous avez l’impression que tout vous compresse pour vous écraser dans un moule qui ne vous convient pas.
Je vous souhaite d’avancer, pas à pas, et de vous souvenir que la vie n’est pas une course. Que nous sommes sur Terre pour des raisons inexplicables et que c’est justement pour ça qu’il est nécessaire d’apprécier chaque enjambée et de respirer chaque fleur qui ouvre ses pétales pour y accueillir votre nez.
Que 2025 vous apporte tout ça et plus encore !
« La fin est dans le commencement et cependant on continue. »
Il s’agit d'une de mes citations favorites, issue de Fin de partie de Samuel Beckett. Il y a une notion de cycles que l’on ne peut pas éviter dans l’existence. Quand quelque chose finit, quelque chose commence et, même si on a parfois l’impression de tourner en boucle, ce n’est jamais exactement pareil.
C’est en tous cas le bon moment pour effectuer une rétrospective de l’année qui s’achève et de réfléchir à ce qu’on attend de celle qui débute.
Comme l’année dernière, je reprends le template que Jean-Michel Fayard a lui-même emprunté à Les Enthousiastes.
Quel bilan spontané je fais de mon année ?
2024 a été une année transitoire, avec des objectifs moins définis qu’en 2023 : l’année passée, je me concentrais sur le travail éditorial de La Chimère, le premier tome de ma trilogie Sublimes, pour sa sortie en novembre 2023. Mon métier d’autrice était désormais acquis – et je n’ai plus jamais hésité à me présenter en tant que telle.
En 2024, je voulais défendre Sublimes, voir ses ventes décoller, me lancer dans – et même finir – le deuxième tome. Bref, j’étais pleinǝ d’enthousiasme, ce qui n’a pas empêché mon soufflé de retomber. J’avais d’ailleurs tant tiré sur la corde que j’ai mis cette newsletter en hiatus pendant 9 mois, ce qui m’a été salutaire et m’a tout de même permis de revenir à son écriture avec davantage de motivation, une ligne directrice plus précise – et une nouvelle compréhension de mes limites.
Ainsi, l’année n’a pas été franchement éblouissante en termes professionnels… mais au niveau personnel, j’ai débloqué beaucoup de choses. Je dirais donc que si 2023 a été l’année de la découverte de mon moi autrice, 2024 a été celle de la réconciliation avec mon moi intime.
2024 a été l’année de l’introspection.
J’ai continué à découvrir de nouvelles facettes de mon handicap, j’ai lutté contre mes limites avant de comprendre que j’aurai beau m’évertuer contre, elles ne se déplaceront pas – alors, j’ai commencé à accepter que je ne serai jamais celle que je me rêvais enfant.
Paradoxalement, c’est à ce moment-là que j’ai compris que la limitation me forçait à choisir quelques perles dans le collier de mes attentes – et d’entamer le lent polissage de ces perles-là jusqu’à ce qu’elles étincellent.
J’ai aussi renoué avec des parties de moi que j’avais enfermées derrière une porte cadenassée, j’ai bravé ma peur de ces pires aspects et c’est avec soulagement et douceur que je les ai finalement enlacés, découvrant que je ne les avais haïs que parce que la société me les avait peintes comme détestables.
De l’extérieur, je n’ai peut-être pas beaucoup accompli, mais de l’intérieur j’ai transformé un tout petit carré de timides pousses en jardin verdoyant.
Quelle rétrospective de l’année 2024 par trimestre…
🏔️ Janvier à mars 2024 ?
Le début de l’année a été difficile, marqué par l’épuisement post-publication et le deuil de mon petit chat Mana. Cette période m’a pousséǝ à annoncer le hiatus de L’Emmaginarium et à retourner en thérapie. Heureusement, j’avais la préparation de l’EVJF de ma meilleure amie pour me motiver !
🪴Avril à juin 2024 ?
Un trimestre sous le signe des projets extérieurs : mariage de mes meilleurǝs amiǝs et petits séjours variés - qui ne m’ont pas empêchéǝ de poursuivre mon voyage introspectif.
J’ai aussi travaillé sur la structure du tome 2 de Sublimes, posant les bases de son intrigue sans pour autant entamer la rédaction, à ma grande frustration.
🌊 Juillet à septembre 2024 ?
Cet été, j’ai travaillé à mi-temps sur un poste administratif qui, malgré les aménagements, m’a exténuéǝ. J’ai dû poser un arrêt maladie en plein milieu de l’été et compris que je traversais une crise identitaire liée à ma dysphorie de genre.
🍂 Octobre à décembre 2024 ?
J’ai commencé par décompenser la mission et je me suis enfin vraiment remisǝ à l’écriture, tant pour Sublimes que cette newsletter, ainsi qu’aux loisirs créatifs. Quel plaisir de confectionner soi-même des objets et de pouvoir être fièrǝ de les contempler !
L’avancement a aussi été psychologique, avec un séjour à Venise, qui m’a servi sur mon chemin de guérison à me réapproprier cette ville que j’aime tant – la ville des masques et de l’eau, du sublime et du fangeux – et qui a pourtant été le théâtre de mon plus grand traumatisme. C’était intense mais nécessaire et je n’aurais pas pu affronter ça en meilleure compagnie.
Les grandes leçons de vie que je retiens de 2024 ?
Que c’est agréable d’être soi. Qu’on a plein de facettes et qu’aucune d’entre elles ne nous résume mais qu’elles ont toutes besoin d’être polies et contemplées pour que je sois entièrǝ. 2024 m’a permis de le (re)découvrir et de me l’approprier.
Je m’écoute de mieux en mieux. Quand mes démangeaisons reprennent aux orteils, je sais que c’est parce qu’un sujet me démange dans la tête : ne me reste plus qu’à l’identifier. Quand je m’énerve pour un rien, je mange. Quand je pleure de façon incontrôlable, je dors. Quand j’ai l’impression que tout le monde me déteste, je demande.
Je continue à avancer de mon petit bonhomme de chemin.
De quoi suis-je læ plus fièr•e de mon année 2024 ?
D’avoir ouvert la porte, écrit les deux lettres de la semaine dernière, repris l’écriture de Sublimes. D’avoir continué à avancer même quand c'était difficile d’exister.
En quoi suis-je différent•e par rapport à 2023 ?
C’est une bonne question. Je ne sais pas si je peux dire que je suis différentǝ. Je crois au contraire que je suis plus moi-même que je ne l’ai jamais été. Peut-être que c’est justement ça, la différence.
Quels projets (ou objectifs) n’ai-je pas accomplis en 2024 ? Pourquoi ? Sont-ils toujours d’actualité en 2025 ?
Je voulais avoir fini la rédaction du T2 en décembre 2024. On en est loin. Les raisons, elles sont ci-dessus. C’est pas grave, je sais que je le finirai en 2025 (et sinon, je mange ma couronne de fleurs).
Est-ce que je me suis rapproché•e de ce que je veux être par rapport à il y a un an ?
Sans aucun doute.
Que vais-je chercher à améliorer en 2025 ?
Les mêmes choses qu’en 2024 : mon écriture, tant fictionnelle que de non-fiction, ma capacité à m’écouter moi-même, lire encore plus (notamment de la non-fiction).
Et en plus, je veux continuer à fabriquer des trucs, à coudre, à créer plein de petites choses un peu plus immédiates qu’un ✨roman de 800 pages ✨.
Je veux aussi être capable de dégager une rémunération de mon écriture – ce qui va passer par cette newsletter – mais ça, j’en parlerai dans les prochaines semaines.
Pour quoi ai-je le plus de reconnaissance/gratitude à la fin de cette année 2024 ?
La présence et le soutien de mes proches – mon amoureux, mes meilleurǝs amiǝs, ma famille. L’accompagnement précieux de ma psy, aussi. Le soleil, qui parvient encore et toujours à brûler les tracas de ses feux (parfois trop ardents, certes).
Je crois que je suis aussi reconnaissantǝ à moi-même – c’est sans doute très égocentré. Je crois que 2024 a été l’année où j’ai enfin pris le masque à oxygène pour le mettre d’abord sur mon visage avant d’essayer d’aider les autres.
Comment puis-je décrire mon année en quelques mots clés/une phrase ?
2024 a été l’année de la réconciliation avec toutes mes facettes. Maintenant, je sais qui je suis.
Une boule disco.
(Ouais, à force de parler de facettes, il fallait que ça sorte.)
Qu’est ce qui m’a généré de l’énergie (et de la joie) ?
Le mariage des McRoof. M’autoriser à redevenir enfant, à lire, à m’amuser, à me comporter comme je veux, peu importe les regards. Être honnête avec moi-même.
Qu’est ce qui m’a pris de l’énergie ?
Ce même travail a aussi été éprouvant, parce qu’il fallait arracher à mains nues les boulets qui m’enchaînaient. J’ai aussi continué à essayer d’en faire davantage que mes capacités, me poussant encore et encore à l’épuisement. Beaucoup de shutdowns assez longs cette année.
Qu’est-ce qui m’a fait peur ?
Que la transformation que j’étais en train de vivre fasse de moi une personne horrible et égoïste.
De quoi suis je læ plus confiante en ce moment ?
Que c’est moi qui choisis qui je veux être et que si je ne veux pas être horrible et égoïste, c’est en mon pouvoir.
Quel a été mon plus grand échec de l’année ? Qu’est- ce que j’en retire ?
Je ne sais pas. Je ne crois pas que j’ai envie de parler d’échecs. Je n’ai pas échoué, je n’ai juste pas atteint les objectifs irréalistes que je m’étais fixés. Alors peut-être que c’était ça, mon échec : en exiger trop de moi-même. Je veux apprendre à être plus réaliste, à accepter mes limites et à faire avec.