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Tous les jours, sur les réseaux sociaux, je vois des publicités ciblées (alors que j’ai désactivé tout le ciblage possible…) pour des concours d’écriture (non.), des outils d’écriture (tablettes, logiciels…), des formations (qui font tressaillir mon problème de légitimité) ou encore des accessoires d’écriture.
L’un d’entre eux revient assez souvent et suscite en moi un mélange de curiosité et de doute.
(Là, je vais aller voir si je retrouve la pub en me connectant sur Facebook, voyons voir.)
(Eh bien, j’ai perdu 30 minutes et je n’ai pas retrouvé la publicité, donc j’ai cherché sur mon moteur de recherche « writer tool cards » parce que c’était ce dont je me souvenais et… j’ai trouvé !)
Il s’agit d’un « jeu » de cartes intitulé Fabula (je mets le lien, mais je ne suis pas sponsorisée, je n’ai jamais testé ces cartes et je ne sais pas ce que ça vaut).
Ces cartes se subdivisent en trois catégories : les ressources (cartes bleues), les « étapes du héros » (cartes jaunes) et les « étapes du lecteur » (cartes noires). Au vu du succès du financement participatif et des critiques élogieuses, cet outil a séduit de nombreuses personnes.
Et en effet, tous les éléments qui font une bonne histoire s’y retrouvent. Les créatricǝs de Fabula illustrent d’ailleurs l’utilisation de cet outil avec des histoires dont le succès est déjà indéniable, comme par exemple Game of Thrones :
L’aspect analogique, la possibilité de se faire un tableau « physique » me plaît également – mais pas assez pour que j’achète Fabula. Je pense que, comme pour d’autres outils que j’ai testés, je me lasserais bien vite de ces cartes et qu’elles ne soient donc pas rentables. Chacunǝ a cependant son mode de fonctionnement ; je ne te décourage pas d’investir dans cet outil s’il te correspond !
Pour ma part, j’avais construit la trame de mon roman avec… des tableaux Excel (enfin, sous OpenOffice).
Chacun des tomes de ma trilogie se subdivise en trois parties (je t’avais déjà parlé de ma triphilie ?) ; j’avais donc fait un tableau par partie.
En revanche, quand j’ai repris l’écriture depuis le début, je n’ai pas refait de plans : j’y suis allée au petit bonheur la chance, en reprenant ce dont je me souvenais (et que je voulais garder) de l’ancienne version. Ensuite, au fil de l’écriture, j’ai refait un tableau pour la première partie, construit différemment, puisqu’il s’agissait d’une chronologie des événements pour chaque personnage narrateur (et quelques personnages non-narrateurs).
Pour les deuxième et troisième parties, j’ai noté les trames de chaque personnage, puis je les ai découpées en fonction de l’alternance des points de vue, et enfin, j’ai adapté selon mes besoins et les décisions inattendues des personnages – dans un fichier texte.
Construire les deuxième et troisième volets de ma trilogie
Maintenant que j’ai fini le premier livre, et en attendant de pouvoir me mettre à fond sur les corrections, je commence à réfléchir à la suite. Comme les intrigues se complexifient, que les personnages se multiplient, et que la temporalité joue un rôle, je dois m’offrir un cadre défini afin de ne pas m’égarer – et d’éviter les incohérences, terreur des auteurs (accord au masculin pour l’assonance).
Pour cela, je vais travailler en plusieurs étapes (oui, je suis en train de faire un plan pour préparer l’élaboration de mon plan), en une espèce d’entonnoir :
En premier lieu, je vais schématiser grossièrement le déroulé des deuxième et troisième livres : les personnages principaux, les événements-phares, les révélations importantes, les dénouements et les rebondissements majeurs.
Une fois que j’aurai cette première grille, je vais séparer les deux tomes, et réitérer l’opération, avec davantage de détails et de subtilités.
Enfin, je me pencherai sur chaque partie (six au total, pour cielles qui ne suivent pas) : je déterminerai avec finesse quels seront les personnages narrateurs de chaque partie, leurs trames personnelles, les intrigues « macro » et « micro », les rebondissements et dénouements mineurs qui me permettront d’arriver aux majeurs.
Je ne sais pas encore de façon pratique comment je vais m’y prendre : sur bloc-notes, avec un crayon ? Avec des post-it sur mon grand pan de mur laissé libre à cet effet ? Sur Excel ?
Il est probable que j’associe ces trois modi operandi : d’abord, les idées en vrac sur bloc-notes ou fichier vierge, puis je rassemble les idées sur post-it, et enfin, j’affine le tout en tableau.
Prévoir l’imprévisible
Il faut malgré tout que je prenne en compte la part d’imprévisible : mes personnages !
En effet, il m’arrive souvent de prévoir que tel ou tel personnage effectue une action, plus ou moins importante, et que, une fois en phase de rédaction, le personnage refuse de se plier à ce nœud de l’intrigue.
Souvent, c’est parce que je n’avais pas prévu son développement psychologique, et qu’arrivé au point où il est censé prendre une décision A, son état d’esprit ne correspond pas à celle-ci.
Je dois alors composer avec l’inattendu, et rebondir afin de pouvoir raccrocher avec la trame prévue. Parfois, c’est facile, parfois moins. Souvent, en tous cas, cela me donne l’occasion d’ajouter ou de développer un point mineur, et donc de gagner en profondeur.
Mais, comment ça se construit, une intrigue ?
Tu auras remarqué, cependant, que je n’ai pas parlé des outils présentés par Fabula ni même de la trame théorisée par les scénaristes de Pixar :
Il était une fois ____________________________. Chaque jour, _______________________. Mais un jour,________________________________________. À cause de ça, _________________________________. À cause de ça, __________________________________. Jusqu’à ce que finalement, ___________________________________.
(Si tu es unǝ lectricǝ assiduǝ, tu auras remarqué que l’un des exercices du Défi Brutal reposait sur cette trame.)
Les « étapes du héros » présentées par Fabula sont celles-ci :
Par curiosité, je viens de voir si je « remplissais » ce plan avec l’unǝ de mes héroïnǝs. La réponse est « oui ». Je suppose que j’ai consommé tant de romans que j’ai intégré ce fonctionnement.
Il est probable que je « vérifie » ce qu’il en est pour mes narratricǝs dans les prochains tomes !
PS : Si tu ne l’as pas encore fait, peux-tu m’accorder quelques minutes et compléter ce sondage sur l’écriture inclusive dans ma trilogie ?
un plan pour préparer l’élaboration de mon plan... Mouahaha mais c'est machiavélique ! je dirais même, méta-machiavélique !
très utile en vrai tout ça :)