Vous avez choisi ! Suite à mon sondage sur ma page Facebook, une majorité d’entre vous s’est prononcée pour la présentation de la création de ma cosmogonie. C’est parti !
Je ne divulgâche rien dans ce mail ; lisez en paix !
Cosmogo-quoi ?
J’essaie d’associer aux termes anglais des équivalents ou néologismes français lorsque je le peux : trigger warning devient traumavertissement, spoiler quant à lui se mue en divulgâchis… Mon utilisation du terme de cosmogonie n’est qu’une poursuite de cette démarche. (Et pourtant, je trouve régulièrement d’abord le mot en anglais : là, par exemple, c’est endeavor qui m’est venu avant démarche.)
Le terme de cosmogonie s’est imposé pour rendre les termes anglais de lore et de worldbuilding tels qu’ils sont usités dans le jeu vidéo et le jeu de rôle. L’idée ne vient pas de moi, mais je ne sais plus où je l’ai piquée, mea culpa. Lore désigne l’ensemble des cultures, histoire, coutumes et traditions d’un univers donné, tandis que worldbuilding renvoie à la construction de ce monde fictif.
Passionnée d’étymologie que je suis, je vais commencer par vous révéler celle de ce beau mot : association de κόσμος (kósmos), monde, et γόνος (gónos), procréation, la cosmogonie est l’ensemble des « récits mythiques et conjectures scientifiques cherchant à expliquer l’origine et l’évolution de l’univers » (je ne vais pas réussir à mieux définir que le CNRTL).
J’en prends le contre-pied, puisque je ne cherche pas à expliquer l’origine et l’évolution de mon univers : je crée ce monde et tout ce qui en découle (vous la voyez, mon étymologie ?). Ma recherche scientifique, mes mythes se construisent après l’invention du monde, et je m’efforce alors de tout justifier, car j’adore expliquer le pourquoi du pourquoi. (Et puis, la fameuse suspension consentie de l’incrédulité ne fonctionne que si elle a un cadre auquel se raccrocher.)
Et en pratique, ça donne quoi ?
J’ai rassemblé toutes ces informations dans un dossier que j’ai intitulé avec grandiloquence : L’Encyclopédie Secrète. Il rassemble cinq fichiers principaux : trois qui sont dédiés à l’univers en lui-même, un qui rassemble l’ensemble des personnages, qu’ils soient narrateurs, secondaires ou qu’on les aperçoive une fois au détour d’une ligne, et enfin, un dernier pour la chronologie et la gestion du temps en général.
L’univers
Les fichiers qui concernent l’univers rassemblent une trentaine de pages dédiées à l’histoire au sens large, ce qui équivaut à un survol des 4,5 milliards d’années de la Terre (je vous avais dit que j’étais perfectionniste ?). Ce texte est rédigé, mais pas romancé : il s’agit de descriptions factuelles, de quelques généralités (comme si je vulgarisais les types de dinosaures, l’apparition des mammifères – ce que je suis bien incapable de faire, je dois l’avouer).
Je me penche ensuite sur les différents secteurs (continents, pays…), pour lesquelles on retrouve les mêmes catégories (je reste vague à dessein dans les descriptifs, ne vous inquiétez pas). Au total, il y a près d’une centaine de pages dédiées à l’univers.
En introduction, je donne le nom du secteur, la dénomination de ses habitants et son symbole ou blason le cas échéant. Je précise la ou les religions principales (s’il y en a) et le titre du ou des gouvernants (s’il y en a). Je conclus avec le nombre d’habitants, la superficie du secteur, la répartition des centres urbains et leur population et densité : cette dernière partie est toujours la plus ardue pour moi car j’ai une très mauvaise visualisation des grandeurs. Je quête alors l’assistance de mon amoureux, qui vient à ma rescousse pour ces problématiques plus… mathématiques.
Je passe ensuite aux différents points d’attention :
1. Géographie, climat et saisonnalité, faune et flore
Le titre parle de lui-même, et comme je créé un univers fantastique, je peux me permettre d’inventer des créatures et des plantes tout à fait singulières ! C’est la partie pour laquelle je sollicite souvent mes ami·e·s scientifiques (merci Élisa, Éma et Paul ♥) afin d’avoir leur avis sur la vraisemblance de mes climats, faune et flore. Je n’oublie pas de distinguer les animaux domestiques et sauvages ; de même pour les cultures agricoles et la flore endémique. J’y indique également les spécificités géographiques (une montagne aux neiges éternelles, un lac, une forêt, un volcan…) et les marqueurs principaux (capitale, villes, routes, palais, temples, etc). J’évoque enfin les ethnies principales, les échanges culturels et les métissages.
2. Histoire
On passe d’une histoire très générale à un récit bien plus précis ; je décris l’émergence de ce secteur (peuple, culture…), les grandes évolutions qu’il a connues (découvertes, inventions, conflits), son déclin (le cas échéant)… Je me suis inspirée de l’histoire de la Terre, bien entendu, ce qui a donné lieu à de très longues recherches en ligne (vous savez, ce moment où vous lisez une page Wikipédia, puis une autre, puis une autre, et soudain, ce que vous êtes en train de lire n’a plus aucun rapport avec votre recherche initiale ?). J’y adjoins mes lectures fictionnelles – et j’y ajoute mon grain de sel !
3. Politique, société et relations internationales
Encore une fois, le titre me paraît plutôt clair ; y est décrit le type de gouvernement (ou son absence), l’organisation de la société, les rapports entre les différentes classes (s’il y en a) ainsi que les rapports avec les éventuels voisins. C’est dans ce chapitre que j’évoque également la monnaie qui a cours (s’il y en a une) et la valeur-type de quelques items du quotidien et d’autres plus rares.
4. Production, commerce, arts et technologie
Oui, vous avez raison, il aurait été plus logique d’évoquer la monnaie dans ce chapitre. Je pointe ici les ressources principales du secteur – et donc la production et les spécialités qui en découlent – ainsi que celles qui lui font défaut, et qui justifient donc les éventuels échanges commerciaux internes et externes. Je me penche aussi sur l’art et la technologie, qui doivent correspondre au développement, mais aussi aux contraintes géographiques du secteur.
Par exemple, le style d’architecture dépend beaucoup du climat : auriez-vous vu les colonnades et péristyles de la Grèce au temps doux… en Islande ? Lorsque j’en arrive à ce point, soit j’ai une idée précise, ce qui me force parfois à rétropédaler sur certains aspects géographiques, soit je m’inspire de cultures terriennes soumises à un climat similaire.
5. Mythes, religion(s), traditions
Ma partie préférée ! Depuis toute petite, je me nourris de mythologies grecques, égyptienne, nordique, de contes et légendes de toutes origines ; c’est un tel plaisir de pouvoir m’en inspirer pour créer mes propres mythes et légendes ! Je décris ici la ou les éventuelle(s) religion(s) principale(s), j’évoque les traditions culturelles ou cultuelles, le rapport à la naissance et à la mort, le rapport à l’amour, à la reproduction, aux relations, au genre.
Pour ce dernier point, pourquoi le genre dans ce chapitre plutôt que dans le 3. ? Souvent, du moins dans ma cosmogonie (mais pas que), le rapport au genre est intrinsèquement lié à la religion. Je ne m’amuse pas à jouer à la poule et l’œuf : je postule les deux en même temps.
S’il y a du surnaturel en jeu, c’est ici que je l’évoque.
6. Personnages influents
J’y présente les gouvernant·e·s actuel·le·s, ainsi que les (anti-)héros et héroïnes du passé. C’est dans cette partie que se trouvent des passages un peu plus romancés, car je narre leurs aventures telles qu’elles sont connues et racontées par la population de ce secteur. (Je me retrouve donc parfois à décrire dans la partie Histoire et dans la partie Personnages influents les mêmes événements… de façon très différente.)
Ce n’est pas tout, évidemment : j’ai sauté de nombreux embranchements présents dans les fichiers dédiés à l’univers, pour la simple et bonne raison qu’ils auraient divulgâché trop d’éléments. Au fur et à mesure de la publication de mes tomes, je pourrai vous en révéler davantage…
Les personnages
Le fichier consacré aux personnages est divisé en plusieurs parties, pour environ 50 pages. La première rassemble les antagonistes et les personnages-clés ; la seconde, les personnages narrateurs ; la dernière, les personnages non-narrateurs, qui sont rassemblés par secteur d’origine ou de figuration (là où ils vivent ou là où ils apparaissent au cours de l’intrigue, si ce n’est pas le même endroit). J’ai même subdivisé par tome pour m’y retrouver plus facilement en ce qui concerne les personnages qui n’ont qu’une ou deux apparitions.
Pour les personnages des première et deuxième partie, j’ai créé des fiches assez complètes, à l’image de celles que je remplissais jadis sur les forums de jeu de rôle : biographie, caractère, apparence (avec, quand j’en ai trouvé, une référence visuelle), forces et faiblesses, objectifs, relations (famille, amis, ennemis) – et trame principale.
Pour les personnages non-narrateurs, je n’indique que les détails pertinents : le moment et le lieu de leur apparition, ses enjeux, leur apparence physique, leurs relations…
La chronologie et le temps
Ce dernier fichier, d’une dizaine de pages, est un peu plus « fourre-tout ». J’y résume la chronologie antérieure aux événements de la trilogie, qui est complétée par plusieurs tableaux Excel pour me donner un regard précis sur la chronologie des intrigues. Une seconde partie présente les différents calendriers utilisés (le calendrier grégorien n’est pas le seul qui soit utilisé sur Terre non plus), ainsi que les cycles lunaires et solaires. Enfin, je détaille l’arbre généalogique de quelques lignées importantes, afin de ne pas m’y perdre.
C’est la fin de ce premier tour d’horizon…
… et d’une première présentation « succincte » du travail d’arrière-plan sur la cosmogonie. Si vous avez apprécié ou que vous avez trouvé cette introduction instructive, n’hésitez pas à la partager :
Je vous dis à samedi pour le prochain mail ! Entre temps, vous pouvez me retrouver sur Facebook et sur Instagram ; je participe jusqu’à vendredi au « Défi brutal », un défi de création quotidienne.
wow
j'adore tes newsletter mais je dois dire que celle est ma préférée pour l'instant. Je pense que je ne me rendais pas compte. Et en même temps sans tous ces dossiers il est effectivement impensable que tu t'y retrouves ! Bref, j'avoue que je serais très curieuse un jour, si j'en ai l'occasion, de voir à quoi ils ressemblent .... :smile:
Wah, trop intérressant! :) Je me suis toujours demandée comment faisaient les auteurs des livres que je lisait pour créer des univers aussi complets. Ca doit te demander un travail fou et tellement de rigueur pour t'y retrouver dans tout ça!
Je trouve ça assez fascinant, j'aime beaucoup cet article :D