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Aujourd’hui, je ne vais pas te parler de mes dernières lectures, mais de l’une de mes autrices préférées : Diana Wynne Jones.
Tu n’as peut-être jamais entendu parler d’elle, mais il est possible que tu connaisses l’une de ses œuvres… grâce à Hayao Miyazaki et au Studio Ghibli. Elle est en effet l’autrice du Château de Hurle, œuvre qui a été adaptée en Château Ambulant par le studio japonais !
Née en 1934, Diana Wynne Jones nous a quittéǝs en mars 2011, après une vie d’écriture. Sa bibliographie conséquente comprend des livres pour enfants, adolescents et adultes, ancrés pour la plupart dans des univers résolument fantasy ou science-fiction.
Moins connue en France qu’au Royaume-Uni, elle est un pilier des littératures de l’imaginaire anglaises : Philip Pullman, Terry Pratchett et Neil Gaiman, qui font également partie de mes écrivainǝs favoritǝs, la citent au firmament de leurs inspirations.
Pendant ses études à l’université d’Oxford, Jones a assisté à des conférences donnés par C. S. Lewis, auteur des mondes de Narnia, et son rival et ami, J. R. R. Tolkien. C’est au cours de sa troisième décennie qu’elle a commencé à écrire, « principalement pour sauvegarder [sa] santé mentale », quand le benjamin de ses trois enfants avait deux ans et demi.
Je ne peux que te recommander de lire ses œuvres, car elles comportent tout ce que j’aime dans la fantasy : des mondes complexes et complets, des personnages attachants, un regard ironique sur la tradition de la littérature fantasy et science-fiction…
Son humour ne me laisse jamais de marbre, mais ce que j’adore par-dessus tout, c’est la tendresse qu’elle a pour ses personnages et qui se ressent à chaque page. Il y a une vraie magie dans son écriture, qui donne vie à chaque protagoniste, chaque objet, chaque lieu – et non-lieu !
Comme sa bibliographie est gargantuesque – et que la plupart de ses œuvres ne sont plus éditées en français, je te propose une petite liste de recommandations !
(Si tu le peux, je te suggère de lire ses œuvres en anglais… simplement parce que les maisons d’éditions françaises sont à la ramasse !)
La trilogie de Hurle
C’est l’occasion de te présenter la maison d’édition qui a repris la traduction et la publication des ouvrages de Diana Wynne Jones : Ynnis Editions. De ce que je vois, l’éditeur ne s’arrête pas avec cette trilogie, ce qui m’enchante !
(Je ne suis pas rémunérée pour faire de la publicité à Ynnis Editions, je précise.)
Le Château de Hurle nous plonge dans un monde où la prédestination féerique existe : en tant qu’aînée de trois sœurs, Sophie sait qu’elle n’aura pas un futur grandiose. Seules les benjamines peuvent prétendre à ce genre d’aventures, ou parfois les cadettes. Elle se résigne donc à reprendre la chapellerie paternelle… jusqu’au jour où le destin décide de lui faire revoir ses idées préconçues !
J’adore Sophie, j’adore ses sœurs, j’adore Hurle et Calcifer – et surtout, j’adore la magie performative qui imprègne ce livre. C’est en parlant et en faisant que les personnages pratiquent la magie ; c’est en écrivant que Diana Wynne Jones nous enchante !
Le Château des nuages nous emporte dans une ambiance tout à fait « mille et une nuits ». Tous les clichés sont repris et déformés sous la plume drôlatique de l’autrice… et on retrouve, au hasard des péripéties d’Abadallah… les protagonistes du tome précédent, devenus personnages secondaires !
La Maison aux mille détours se fait bien plus intime : nul château, volant ou non. Juste une maison, qui n’a pas l’air si grande… et où on s’égare pourtant trop facilement ! Une héroïne bouquineuse et discrète comme on les aime se frotte à ces dédales et détours… et on retrouve, encore une fois, les personnages des tomes précédents !
Ynnis Editions a également édité Aya et la Sorcière (que je n’ai pas encore lu) et a entrepris la traduction et publication du Terrible Seigneur des Ténèbres, un diptyque dont le premier livre est d’ores et déjà disponible ! « Seigneur des Ténèbres » est un… intitulé de poste, que récupère le sorcier Derk, notre héros :
À lui de transformer sa ferme en château maléfique et de gérer l’arrivée des voyageurs venus d’un mystérieux univers parallèle : le nôtre.
Otages du redoutable businessman M. Chesney et de son démon, les habitants d’un monde fantastique sont contraints d’organiser des circuits touristiques de plus en plus complexes et destructeurs, les réduisant en esclavage. Alors que des accidents font dérailler les circuits et qu’une rébellion travaille dans l’ombre, Derk va devoir redoubler d’ingéniosité pour tenir son rôle et sauver sa famille de chair et de plumes de la terrible menace du malfaisant homme d’affaires…
Ces deux livres sont hilarants, et s’adressent clairement à un public plus adulte. J’espère que l’éditeur complétera le diptyque avec The Tough Guide to Fantasyland, un guide touristique humoristique du monde de Derk, très apprécié par les fans de Diana Wynne Jones !
Les mondes de Chrestomanci
Dans un univers où cohabitent des mondes parallèles, le Chrestomanci est chargé de s’assurer que les pratiquants de la magie n’abusent pas de leurs pouvoirs… On ne suit pas le même héros du début à la fin de la série, mais on retrouve les personnages à travers les livres. Il s’agit d’une série destinée aux enfants… sans qu’on n’ait besoin de s’arrêter à ça !
Hélas, si Gallimard a édité des traductions entre 1998 et 2005, il n’y a pas encore eu de rééditions de cette série, et certains tomes sont vraiment difficiles à obtenir. Dans le doute, voici cependant l’ordre de lecture recommandé par l’autrice elle-même :
Ma sœur est une sorcière (Charmed Life)
Les neuf vies du magicien (The Lives of Christopher Chant)
Le destin de Conrad (Conrad's Fate)
La chasse aux sorciers (Witch Week)
Les Magiciens de Caprona (The Magicians of Caprona)
On peut y ajouter Mixed Magics, un recueil de nouvelles, et The Pinhoe Egg, qui peuvent se lire après les cinq tomes précédents.
Et j’achève avec une tétralogie que j’ai particulièrement appréciée, L’Odyssée Dalemark, où magie rencontre art et artisanat : musique, tapisserie… Alors si tu veux lire les aventures d’un barde magicien, d’une tisserande qui cache son récit dans sa tapisserie, je te recommande cette série d’une grande poésie. Dans l’ordre chronologique (et non de parution) :
Les houppelandes magiques (The Spellcoats)
Les Sortilèges de la Guiterne (Cart & Cwidder)
La marotte noyée (Drowned Ammet)
La couronne du DaleMark (The Crown of Dalemark)
Bonne lecture !
Ça alors, je ne connaissais pas du tout cette autrice, alors que tous les auteurs masculins cités dans l'article, oui ! Serait-ce encore un coup de la fameuse cape d'invisibilité patriarcale qui ne s'enroule qu'autour des femmes pour les effacer de la grande Histoire du prestige ? Merci de revisibiliser cette artiste, cela me permettra d'ouvrir l'oeil à sa rencontre ;)