Dis-moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu écris #3
Littérature visuelle : BD, comics & manhwa
Temps de lecture : 4 minutes
Cet été, je n’ai pas tant bouquiné que d’habitude – j’étais trop focalisée sur mon propre roman pour pouvoir me permettre de me noyer dans les écrits d’unǝ autre.
Pourtant, j’ai lu, mais des formats plus courts, qui me permettraient de prendre une bouffée d’air sans me déconcentrer trop longtemps de mon exercice créatif. J’ai donc privilégié la littérature visuelle : BD, comics et manhwas !
De Cape et de Crocs
Prise d’un élan de nostalgie, j’ai racheté le tome 1 de la série De Cape et de Crocs, d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. J’avais dévoré cette série pendant mon adolescence, et j’ai ressenti l’envie de me replonger dans le monde incroyable qu’ont créé les deux auteurs.
On y suit deux bretteurs dans une Venise du XVIIe siècle, Don Lope et Don Armando, qui vont se retrouver emportés dans des aventures incroyables, de rebondissements en découvertes. Petit détail : Don Lope est… un loup, et Don Armando, un renard français qui professe un amour immodéré pour les alexandrins.
Le scénario m’emporte à chaque fois, mais c’est surtout la qualité du style qui m’enthousiasme : les rimes qui émaillent l’histoire, les coups de génie dans les répliques ! Bref, je m’extrais toute estourbie de beau-parler de cette lecture et ne saurais que trop te la recommander !
La Horde du Contrevent
J’ai enchaîné avec le 2e tome de La Horde du Contrevent. Je vois déjà les connaisseusǝs réagir au quart de tour : comment ça, un deuxième tome ???
Il s’agit du 2e tome… de l’adaptation en bande dessinée du roman d’Alain Damasio par Eric Henninot. Comme pour toute adaptation, j’étais un peu méfiante à l’origine. Mais le pari est réussi : j’avais apprécié le tome 1, j’ai adoré le tome 2 – et j’ai hâte au tome 3 !
Le style graphique est pour moi une parfaite représentation des terrains ravagés par les vents. Les traits durs, qui semblent parfois brouillés, plongent la lectrice que je suis dans le récit et lui donnent un aspect visuel qui correspond à ce que j’avais imaginé lors de ma lecture du roman.
Mention spéciale pour le barde, Caracole, dont le chara-design fait battre mon cœur ! J’ai si hâte de le voir s’illustrer (dans toutes les acceptions du terme) au cours du concours d’orateurs qui aura lieu dans le prochain tome…
Allez, pour le plaisir : le fameux concours comporte un duel de palindromes (mot ou groupe de mots qui peut se lire indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche en gardant le même sens). C’est ainsi que débute la joute :
Engage le jeu que je le gagne !
J’adore.
Je me rends compte que je n’ai pas même évoqué l’intrigue du roman : dans un monde où le vent souffle dans un seul sens, les Hordes du Contrevent sont chargées de remonter à sa source, à l’Extrême-Amont, pour découvrir l’endroit où naissent les vents. Nous suivons la trente-quatrième Horde au fil de leur remontée, et découvrons au fur et à mesure de ce périple, la psyché de ses vingt-trois membres.
Le style du roman est incroyable, chaque narrateur, chaque narratrice a sa voix propre, son parler personnel… Et l’on suit tout autant la remontée vers l’Extrême-Amont que le développement de chacun des personnages… et les obstacles qui se dressent en travers de leur Contre.
Noblesse
Dans un genre très différent, j’ai découvert avec plaisir qu’une série de manhwa (manga coréen) que j’avais suivie avec dévotion pendant mon adolescence venait de paraître, enfin, en France.
Noblesse de Jeho Son et Kwangsu Lee partage quelques points avec Sublimes, et je pense que je me suis inspirée, alors, de certaines caractéristiques de cette série – bien que l’intrigue en elle-même n’ait pas grand-chose en commun.
Le mystérieux Cadis Etrama di Raizel se réveille d’un sommeil de plusieurs siècles dans son cercueil… au milieu d’un immeuble nouvellement bâti à Séoul. Rai, car il sera ainsi surnommé par les lycéens qui l’intègrent à leur groupe, est en réalité un Noblesse (sic), le nom donné aux vampires dans ce monde.
Comment s’est-il réveillé ? Pourquoi s’était-il endormi ? À quel point le monde a-t-il changé depuis sa disparition ? Tant de questions soulevées dans le premier tome de ce webcomic.
Si on peut déplorer que la traduction en français soit émaillée de quelques coquilles, je suis ravie de pouvoir ajouter cette série à ma bibliothèque. Le style graphique me plaît, et je trouve les rebondissements de l’intrigue assez sympathiques, dans une veine très shônen.
Harleen
J’ai craqué. J’ai enfin acheté Harleen de Stjepan Sejic, un auteur que j’adore. Je l’ai découvert avec la série adulte Sunstone, qu’il publie sur DeviantArt, et je suis ses créations avec ferveur.
Il a récemment commencé une nouvelle œuvre, The Queen and the Woodborn, qui explore la relation amoureuse entre une reine médiévale déchue et… une fée des bois ?
Bref. J’adore la patte graphique de Stjepan, je trouve qu’il crée des personnages féminins complexes et intéressants. Je voulais donc découvrir la façon dont il explorait la transformation de la psychologue Harleen Quinzell en la criminelle Harley Quinn.
J’ai adoré. Son style graphique se prête à merveille à l’univers de Gotham, et on ne peut être que spectatrice horrifiée de la façon dont Harleen pense pouvoir guérir le Joker… pour mieux tomber sous son joug.
Le jeu psychologique, la fascination exercée par ce Joker rock-star, les bonnes intentions de Harleen, tout se mêle en un cocktail terrible et superbe… Je veux m’inspirer de cette relation toxique si bien représentée et être capable de mettre mes lectricǝs tout aussi mal à l’aise !
L’édition est elle-même magnifique et comprend de nombreuses illustrations bonus et une plongée dans le processus créatif de Stjepan Sejic, ce que j’ai apprécié !