Ma recherche sur... les uniformes de domestiques
Une découverte des uniformes de la domesticité à la Cour
Je vous propose cette semaine un format d’article un peu plus long, que je souhaiterais rendre régulier à l’avenir, si ce format vous plaît. N’hésitez pas à me faire part de vos ressentis – et bonne lecture !
Afin de rendre mon cheminement plus compréhensible, je révèle quelques détails du contexte et de l’intrigue d’un personnage (sans le nommer). Si vous considérez que ces menus détails sont des spoilers, je vous invite à ne pas lire ce qui suit. Je me suis tout de même assurée de ne rien révéler qui gâcherait le plaisir de la lecture du roman.
La recherche de la semaine : les uniformes de la domesticité à la Cour
Pourquoi cette recherche ?
Ma trilogie comprend une société dotée d’une organisation aristocratique, avec un large corps de domestiques très hiérarchisé. Lors de l’intégration de nouveaux serviteurs, ces derniers reçoivent un uniforme qui correspond à leur rang. J’ai donc voulu me pencher sur l’apparence du vêtement d’un laquais, dénommé livrée, afin de pouvoir réutiliser les éléments historiques de ce costume et d’y ajouter les détails qui me paraissaient pertinents.
Il m’a donc fallu partir à la recherche d’articles sur l’histoire de la mode ou sur la domesticité du Moyen-Âge à l’époque victorienne. Je souhaitais également m’inspirer des étoffes historiques, notamment car j’ai inventé quelques tissus particuliers à ce monde, dont je souhaitais pouvoir évaluer la valeur.
Ces pérégrinations en ligne m’ont permis de comparer les différentes symboliques de ces uniformes, la valeur de leurs ornements, des couleurs, des étoffes, de la coupe. Afin de pouvoir évoquer correctement les éléments du costume, il me fallait également repérer leurs dénominations historiques : la langue évolue, ce qui désignait un objet il y a deux siècles, en désigne un autre aujourd’hui !
Comment m’y prends-je ?
Comme pour toute recherche en ligne, je passe par des mots-clés ciblés. J’ai donc commencé par tissu livrée valet… et suis tout de suite tombée sur une page qui me donnait tous les détails dont j’avais besoin (ce n’est pas toujours le cas). En l’occurrence, il s’agissait de l’article « L’habit de livrée dans la Maison civile du roi : entre prestige et servitude » (2011), de François Lafabrié (sur OpenEdition), une mine d’informations, tant en termes textiles que sociaux. Cela ne m’a pas empêchée, par la suite, de compléter les informations glanées par d’autres petites recherches.
Je me suis donc penchée sur les différents passages qui m’intéressaient à ce moment-là. Je vous avoue que durant l’écriture de cet article, je me suis surprise à découvrir de nouveaux paragraphes qui m’avaient échappé lors de mon premier survol – et qui me donnent de nouvelles idées !
Pour en revenir à ma recherche initiale, je me concentre sur des passages précis :
« L’élément premier de l’habit de livrée est le justaucorps, remplaçant l’ancien pourpoint1. Il constitue le vêtement central du costume civil masculin […], dont la tenue complète de livrée adopte trois éléments : le justaucorps, porté par-dessus la veste, et la culotte. »
Les dénominations se sont donc inversées : on dirait aujourd’hui “justaucorps” pour le vêtement qui se porte sous la veste. Une fois que je sais quels sont les éléments de la livrée, j’enquête sur leurs spécificités :
« L’identification des livrées royales se fait également par des éléments essentiels : les galons ornant le justaucorps. […] Ces rubans sont répartis le longs des coutures, ou tailles. Trois éléments peuvent faire partie des galons : le galon proprement dit ; l’agrément, galon moitié moins large pouvant être placé entre deux galons ; et le bordé, galon encore plus étroit. »
Et enfin, je me focalise sur le type de tissus utilisés à l’époque :
« Le luxe n’est pas de mise pour les étoffes choisies : destinées aux domestiques, elles doivent être de qualité valable, mais ni luxueuses, ni trop chères. Le drap de laine bleu est l’étoffe principale pour les justaucorps, vestes et culottes. »
L’image que vous retrouvez ci-dessus, ainsi que sa légende que je ne vous ai pas fournie, m’ont également servi.
Ce que j’en fais
Une fois ces informations recueillies, je les adapte à mon récit, à la société que je dépeins, à ses spécificités. Les différentes citadelles ont leurs blasons et leurs couleurs, subdivisées selon les familles qui cohabitent dans leurs murs. Il me faut donc déterminer quels détails seront plus visibles, lesquels sont superflus, lesquels peuvent servir de ressorts d’intrigue : bref, il s’agit d’un minutieux débroussaillage.
Je vous offre un extrait (non définitif) de la description finale de l’uniforme :
« Par-dessus une chemise blanche s’enfilait un gilet sans manches, qu’ils appelaient veste. L’araxoie noire, douce et soyeuse, brillait à la lueur des flammes. Chaud mais léger, le vêtement ne le contraignait ni ne l’engonçait, tout comme le pantalon. L’un et l’autre s’ornaient d’un galon de ruban rouge et de gemmes nocturnes qui courait le long des rebords et des coutures latérales. Il enfila l’une des paires de hautes chaussettes noires, les souliers en cuir, avant de parfaire le costume d’une des paires de gants immaculés. La dernière pièce, le veston en velours pétrole, dénommé justaucorps, s’agrémentait de croissants-de-lune perlés sur fond de broderie d’argent. »
Sachez tout de même que ce passage n’est pas une finalité ; le chapitre qui concerne la livrée me permet de présenter les différentes strates sociales impliquées, des tisserands et tailleurs à l’aristocratie, en passant bien évidemment par le corps domestique.
Voilà, cet article est achevé, j’espère qu’il vous a plu ! C’était un véritable plongeon dans l’envers de l’écriture, du moins dans mon modus operandi personnel. Si vous avez apprécié cette expérience, n’hésitez pas à la partager :
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À la semaine prochaine !
1Vous vous doutez que je me suis empressée d’aller quérir des informations supplémentaires sur les pourpoints, pour les connaître sous toutes leurs coutures (oui, j’apprécie les jeux de mots pourris).