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Aujourd’hui je vais te parler de deux mots un peu désuets mais qui ont une adorable sonorité (même si le sens ne l’est pas tant). J’y ajoute une expression que j’ai découverte grâce à une amie, et qui m’a bien plu !
J’ai redécouvert le premier mot, horion, en feuilletant mon mémoire sur le cosplay il y a quelques semaines. Il peut m’être utile lors des scènes de combat, puisqu’il désigne un coup généralement violent ou la marque qu’a laissé un tel coup.
D’après le CNRTL, le terme pourrait venir de l’ancien français « orillon », qui signifie « coup sur l’oreille ».
Tu peux donc désormais dire que les boxeurs s’assènent de vilains horions au lieu de parler de vulgaires baffes ou de prosaïques coups de poings !
Quant au second mot, je ne sais plus comment je l’ai découvert, mais je le trouve absolument charmant : il s’agit de spicilège, synonyme d’anthologie. Pour être plus précise, il s’agit d’un recueil, qu’il soit de notes, de documents ou de textes variés.
L’étymologie de ce terme est, elle aussi, très poétique, puisque le mot vient du latin spicilegium, l’action de glaner, composé de spica, l’épi, et de legere, ramasser ou cueillir.
Le spicilège me fait penser au magnifique documentaire Les Glaneurs et la Glaneuse (2000) d’Agnès Varda, où la réalisatrice se plaçait elle-même en tant que glaneuse d’images au milieu de celleux qui glanaient les épis dans les champs – et tout autre types d’objets à récolter et réhabiliter.
J’avais eu l’extraordinaire chance d’assister à une projection du film en présence d’Agnès Varda lorsque j’étais au collège, et elle nous avait raconté qu’elle avait oublié d’éteindre son caméscope tandis qu’il ballottait autour de son cou. Les images ainsi obtenues lui avaient tant plu – et collaient tant au thème de son film – qu’elle avait décidé de les conserver pour les intégrer au documentaire.
Enfin, je veux te parler de l’expression partir en quenouille – dont tu connais peut-être la version actuelle et machisée, partir en couilles. Eh oui, à l’origine, cette expression n’évoquait pas du tout les bijoux métaphoriques de famille, mais bien les bijoux physiques, en utilisant comme métonymie la quenouille avec laquelle on file les fibres de tissu – et quand je dis « on », il faut bien entendu comprendre « les femmes ».
On y retrouve une belle connotation sexiste, puisque « partir en quenouille » se rapportait au fait qu’une femme entre en possession de quelque chose (par exemple par héritage) – et pour être plus précise, du moyen de production (et donc d’indépendance) qu’est la quenouille.
Partir en quenouille proviendrait de tomber en quenouille : les Francs craignaient que la couronne royale ne « tombe en quenouille », c’est-à-dire qu’une femme la récupère et devienne souveraine… ce qui a été à l’origine de la loi salique (VIe siècle), selon laquelle les femmes ne peuvent hériter de la couronne.
Il est donc intéressant que « partir en quenouille » (et par extension « partir en couilles ») désigne une perte de contrôle. En réalité, une femme qui récupère la couronne – ou même juste un moyen de production – y gagne du contrôle sur sa vie et sur son autonomie.
Qui perd le contrôle quand « tout part en couilles » ? Les hommes, pardi !
"Tu peux donc désormais dire que les boxeurs s’assènent de vilains horions"
Je vais faire fureur au prochain entraînement de boxe française dis donc ! En fait il ne vaut mieux pas que j'y pense en plein assaut parce que si je me marre trop je vais m'en prendre quelques uns, d'horions !