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On m’a dit que mon article de la semaine dernière se lisait plus facilement, car il était bref et allait droit au but. Sachant que la concision fait partie des qualités que je ne possède pas, j’ai donc décidé de poursuivre mon apprentissage et de te proposer un nouvel article « plutôt » court.
Aujourd’hui, je vais donc te parler des jeux du cirque à l’époque romaine, en version concise, claire et (j’espère) drôle !
Quelle taille fait le Colisée ?
Voilà la question qui a été à l’origine de cette recherche. En effet, les membres de la société que je dépeins se réunissent lors de certaines occasions festives dans un cirque, pour assister à des démonstrations similaires à celles de l’époque romaine.
Seulement, comme mon appréhension de la taille des foules et de la démographie sont assez balbutiantes, je voulais savoir combien de spectateurs pouvaient assister aux jeux donnés dans le Colisée – et j’hésitais à nommer mon cirque « Colisée », ce que j’ai finalement décidé de ne pas faire.
Pourquoi donc ?
Parce que le surnom du Colisée (Colosseum) vient de colossus (du grec κολοσσός, colossos, « colosse, grande statue »), en référence à une colossale statue de Néron érigée non loin du cirque : le bâtiment s’appelait à l’origine Amphithéâtre Flavien.
Au vu de l’origine situationnelle de ce surnom, j’ai donc décidé que ça ne correspondrait pas à ce que je voulais. Pour l’instant, le lieu s’appelle tout simplement « le Cirque », mais je vais peut-être m’amuser à lui donner un surnom situationnel comme celui du Colisée.
Ce bâtiment pouvait accueillir environ 50 000 spectateurs… ce qui est énorme ! Par comparaison, le palais omnisports de Paris-Bercy peut accueillir au maximum 20 300 spectateurs. Bon, le Stade de France, lui, a une capacité qui va de 75 000 à 96 000 places, mais… c’est le plus grand stade français !
Je vais m’arrêter là sur le Colisée, car ce n’est pas le sujet de ce mail, mais je dois reconnaître que je ne serais que trop ravie de te noyer sous un tas d’informations que tu ne retiendrais pas (ou pire, qui ne t’intéresseraient pas), alors je vais passer à la partie suivante : les jeux en eux-mêmes.
Du pain et des jeux !
Alors déjà, je vais t’offrir un caveat.
(« Un quoi ? » t’entends-je demander. Comme je parle de traditions romaines, je me suis dit que parler un peu latin ne ferait pas de mal. Caveat, subjonctif présent du verbe caveo, « faire attention », est passé dans le langage courant (surtout en anglais) pour signifier « mise en garde, avertissement, réserve ». Tu connais peut-être l’expression « cave canem » qui signifie « attention au chien » !)
Voici donc mon caveat : j’utilise le terme de « cirque » dans Sublimes alors qu’il devrait en réalité être nommé « amphithéâtre ». En effet, les cirques et hippodromes servaient aux courses, les stades aux démonstrations athlétiques et les amphithéâtres aux jeux plus sanglants.
Quand je te parle de « jeux du cirque », à quoi penses-tu ?
Aux gladiateurs, bien sûr !
Les spectacles de gladiateurs, ou munera gladiatorium (au singulier : munus gladiatorium), sont en effet ceux qui marquent le plus les esprits, notamment du fait de la codification poussée de ces démonstrations.
À l’origine des esclaves qui s’affrontaient au cours de rites funéraires, les combattants devinrent des guerriers professionnels, libres ou esclaves, formés dans des écoles de gladiateurs pour le divertissement de la plèbe. La plupart d’entre eux avait moins de 22 ans…
Ce choix de carrière était très encadré : il fallait faire une déclaration devant le tribun de la plèbe, à l’occasion de laquelle le futur gladiateur acceptait de perdre son rang de citoyen et donnait au laniste (marchand, entraîneur et propriétaire de gladiateurs) « un droit de torture et d'emprisonnement, en cas de désobéissance ou de manque de combativité ».
Et, ce que je ne savais pas du tout, les gladiateurs sont parfois itinérants : ils s’entraînent dans une seule école, mais voyagent d’un bout à l’autre de l’Empire pour les munera !
Enfin, et je suis sûre que c’est cette info-là que tu connaissais déjà : il existe différentes catégories de gladiateurs (armaturæ). Parmi celles-là, on compte le provocator, qui débute les jeux, le thrace à petit bouclier et hoplomaque doté d’une lance et d’une dague, qui affrontent souvent le mirmillon (à grand bouclier). Le duo le plus connu est celui du mirmillon qui a évolué en secutor (oui, comme les Pokémon), face au rétiaire, armé d’un trident et d’un filet…
Apparemment, les combats de gladiateurs étaient rarement létaux, comme on ne le pense aujourd’hui : le catch d’aujourd’hui et sa mise en scène – certes violente et sanglante – s’en rapprocheraient beaucoup… D’un autre côté, vu les coûts de l’entraînement et des médecins affectés aux écoles, la vie de ces combattants professionnels valait sans doute plus cher que leur décès !
Venationes et naumachies !
Voilà les deux autres principaux types de jeux que l’on retrouve dans les amphithéâtres !
De venatio, « la chasse », les venationes « mettent aux prises des animaux sauvages entre eux, ou des animaux et des hommes, ou encore des simulacres de chasse dans un amphithéâtre dont l'arène était occupée par un décor censé rappeler le milieu naturel d'origine des animaux. »
Eh oui, ces jeux-là ont un nom particulier – et je pense que pour le coup, les bêtes qui participaient n’avaient que peu de chances d’en sortir vivantes… Sauf pour certains types de venationes, qui étaient l’occasion de simples jeux, d’exhibitions d’animaux apprivoisés ou encore de spectacles acrobatiques.
Quant aux naumachies, accroche-toi, car je n’étais pas prête à cette révélation : il s’agit de reconstitutions de… batailles navales !
Oui, tout à fait : l’arène de l’amphithéâtre était inondée, par un système de canalisations assez poussé, et des bateaux à bord desquels se trouvaient des guerriers (esclaves, prisonniers de guerre ou gladiateurs), mettaient en scène de véritables combats maritimes.
Vu les moyens considérables nécessaires pour ce type de spectacles, seuls les empereurs pouvaient en organiser. Ainsi, pour l’inauguration du Colisée, l’empereur Titus fait donner une naumachie : l’arène, transformée en bassin, est le lieu d’une reconstitution de la bataille navale de Corinthe contre Corcyre.
Cependant, cette petite naumachie ne vaut pas la première naumachie connue : celle de Jules César, en 46 av. J.-C.
Après avoir fait creuser un bassin près du Tibre, capable de contenir de véritables birèmes, trirèmes et quadrirèmes, [Jules César] mit aux prises 2000 combattants et 4000 rameurs, des prisonniers de guerre.
Bon, je ne pense pas réutiliser les naumachies… Je vais m’en tenir aux munera gladiatorium et aux venationes – certes arrangés à ma sauce – mais la découverte m’a surprise et impressionnée !
Voilà, j’espère que ce petit parcours des jeux romains t’a plu, et je te dis à mercredi !
Très intéressant, et j’apprécie le format court 😉 Merci de nous offrir ces textes semaine après semaine !