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Ce n’est plus un secret : quand j’étais gamine, j’avais une fixation sur la mythologie – principalement grecque et romaine, mais aussi égyptienne, nordique, celtique. J’avais aussi une révérence particulière pour le Mahabharata, épopée sanskrite de la mythologie hindoue.
Cette fascination comprenait également tout ce qui était contes, fables et légendes de nombreuses cultures.
J’appréciais tout particulièrement les contes russes, dont j’avais plusieurs superbes éditions : les illustrations, inspirées des icônes et de la tradition picturale slave, me ravissaient, sans parler de leurs noms et surnoms (Vassilissa la Très Belle, Ivan Tsarévitch, Ivan l’Idiot, Kotcheï l’Immortel, le Chat Conteur, la Princesse-Grenouille…).
C’est bien évidemment dans les contes que j’ai découvert les sorcières et les ogres/ogresses, deux figures qui m’inspirent encore aujourd’hui.
Il me paraît donc tout à fait logique de commencer ce nouveau format par la sorcière la plus chouette du folklore slave : Baba Yaga.
Nom : Baba Yaga, qu’on peut traduire par « la mère Yaga »
Âge : Inconnu ; elle est cependant toujours représentée comme une vieille femme.
Origine : Folklore slave et russe
Pouvoirs : Elle est souvent présentée comme omnisciente et possède une belle collection d’artefacts magiques (chaudron magique, baguettes, talismans…). La métamorphose fait également partie de ses attributs. Et, comme toute sorcière digne de ce nom, elle sait lancer des sorts et des malédictions.
Caractéristiques : Baba Yaga rassemble de nombreux lieux communs de la sorcière : nez crochu, dents pointues, corps squelettique. Elle est effrayante et aime ça, complétant le tableau en se déplaçant dans un mortier géant ou un balai fait de bouleau pour voler. Sa maison vaut le détour : elle est perchée sur des pattes de poulet et ne s’ouvre que pour les personnes qui connaissent la phrase consacrée.
Objectifs : Elle est tour à tour bienveillante et aide les héros et héroïnes de contes (il s’agirait d’une subsistance du matriarcat slave et de la Grande Mère) ou antagoniste, cherchant à tuer, vaincre, dévorer les protagonistes (un avènement du patriarcat). Dans le premier cas cependant, elle offre rarement son aide sans condition, car il faut mériter son assistance et prouver qu’on en est digne : c’est tout de même l’une des figures surnaturelles les plus puissantes, si ce n’est la plus puissante. À ce titre, elle sème des embûches sur le chemin des protagonistes, les forçant à évoluer et à s’améliorer.
Caractère :
Figure indépendante et puissante, Baba Yaga n’a cure du regard des autres. Elle vit comme elle l’entend, fait ce qu’elle veut quand elle veut, aide ou affronte en fonction de son humeur. Certains de ses attributs lui viennent sans doute du reliquat matriarcal slave, comme son rôle de gardienne de la nature, des animaux et des plantes sauvages. Ses connaissances occultes en font un personnage puissant et craint.
La cruauté, le manque de pitié font partie des caractéristiques de Baba Yaga, parfois exercés sans provocation, souvent à l’encontre de personnes qui ne l’ont pas respectée ou qui ont provoqué sa colère. Cependant, elle a le sens de l’humour, ce qui nourrit son imprévisibilité : il suffit parfois d’un trait d’esprit ou d’une pirouette pour la faire changer d’avis.
En tant que grande puissance primaire, Baba Yaga n’a pas vraiment de pairs, de famille ou d’amiəs et préfère la solitude.
Pourquoi je l’adore :
Baba Yaga est puissante, caractérielle, autoritaire. Elle ne se laisse faire par personne – et pourtant, les protagonistes parviennent parfois à ruser, voire à la vaincre (momentanément). Elle est aussi ancienne que la nature elle-même mais faillible comme une humaine. Elle est parfois figure maternelle qui guide et protège, d’autres fois antagoniste furieuse – ou ogresse qui a juste envie de dévorer le petit frère de l’héroïne. Elle n’a peur de personne et certainement pas des princes et rois qui essaieraient de lui faire plier le genou.
Baba Yaga, c’était un peu ma grand-mère fictive, protectrice effrayante, jamais à 100 % de mon côté – peut-être même prête à me manger si je me relâchais trop – mais toujours là.
Exemples :
Vassilissa la Très Belle
Vassilissa est un peu la Cendrillon russe dans ce conte : sa méchante belle-mère et ses méchantes belles-sœurs sont un peu plus extrêmes que celles de Cendrillon cependant. Elles décident de l’envoyer chez Baba Yaga pour chercher du feu, espérant sans doute qu’elle se fera dévorer. Cependant, Vassilissa a hérité une poupée magique de sa mère, qui l’aide à affronter les épreuves que lui impose Baba Yaga. La sorcière reconnaît les compétences occultes de la jeune femme et lui offre les récompenses promises : Vassilissa revient donc grandie et victorieuse de la mission-suicide confiée par sa belle-mère et ses belles-sœurs.
Ivan Tsarévitch, l’Oiseau de Feu et le Loup Gris
Chargé par le tsar de capturer le mythique Oiseau de Feu, Ivan Tsarévitch rencontre Baba Yaga en chemin. Elle le teste et, voyant qu’il est méritant, lui offre ensuite son aide – et une cage magique – pour capturer l’oiseau. (Le conte est autrement plus long, mais je ne parle que de l’implication de Baba Yaga.)
Les oies noires de Baba Yaga
Anouchka est chargée de surveiller son petit frère Andreï pendant que leurs parents vont au marché. Distraite par ses amies, elle ne voit pas son frère s’éloigner. Lorsqu’elle s’aperçoit qu’il a disparu, elle part à sa recherche, aidant en chemin un four, un pommier et un ruisseau, qui lui indiquent en échange que les oies noires de Baba Yaga ont enlevé Andreï – et que Baba Yaga a prévu de le manger ! Elle parvient à récupérer son frère. Sur le chemin du retour, le ruisseau, le pommier et le four rendent la pareille à Anouchka en la protégeant des oies lancées à leurs trousses.
Ouuuuuh ce premier épisode donne très envie d'avoir la série complète !! J'aime beaucoup ta description personnelle de Baba Yaga, comment tu la considère comme ta grand-mère fictive . Chouette lecture :)