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Parmi mes poèmes préférés, j’en compte de nombreux qui ont été mis en musique, que ce soit en français, en allemand ou en anglais. Souvent, c’est par la version musicale que j’ai découvert des vers qui m’ont remuée jusqu’au fond de moi-même.
Et ce n’est pas étonnant : la poésie est musique. C’est un chant, c’est un jeu sur les sonorités et les rythmes.
Parmi les œuvres poétiques que j’ai découvertes en musique, je compte plusieurs œuvres de Jacques Prévert, poète et artiste français du 20e siècle à la créativité multiforme (scénarios de films et de films d’animation (Le Roi et l’Oiseau ❤️), collages, chansons…) et dont les poèmes évoquent les plaisirs simples, la révolte et la liberté.
Celui que je vous présente aujourd’hui, cependant, est plus mélancolique :
Le gardien du phare aime trop les oiseaux
Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous.Et il éteint tout !
Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.
Ce sont les Frères Jacques qui m’ont chanté ce poème, dans cette très belle adaptation (je vous recommande vraiment de l’écouter, c’est tout court et c’est si beau) :
Je crois que c’est ce poème qui m’a fait comprendre, très tôt, que ce n’était pas parce qu’on avait une bonne intention qu’on faisait une bonne chose. Qu’on peut causer un mal en protégeant autre chose.
Ce poème est l’incarnation de l’ironie tragique, un procédé littéraire que j’adore lire et exploiter… et une réalité de la vie souvent inéluctable.
oh moi aussi le roi et l'oiseau ❤️❤️❤️ - le dessin animé qui a tourné en boucle chez moi quand j'etais petite