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Comme de nombreux récits de la mythologie grecque, celui qui se rapporte à Méduse, l’une des Gorgones, est… horrible. Et sexiste, au premier abord.
Petit traumavertissement : ça va parler de viol.
Selon les versions, Méduse est née monstrueuse ou humaine ; dans les deux cas, elle est la fille de deux divinités marines primordiales, Phorcys et Céto. C’est la seconde version qui m’intéresse, celle selon laquelle Méduse était humaine et mortelle, malgré son ascendance, et d’une grande beauté – révérée en particulier pour sa magnifique chevelure.
Hélas, comme de nombreuses femmes de la mythologie grecque, elle attire le regard de Poséidon, le dieu des Océans, qui ne trouve rien de mieux à faire que de la violer dans un temple dédié à Athéna.
Bon. La version la plus répandue, celle que j’ai lue quand j’étais petite, c’est qu’Athéna, furieuse de ce blasphème dans son temple, punit Méduse (parce qu’elle ne peut pas vraiment punir Poséidon) et la maudit : cheveux de serpents, regard pétrifiant, tout le tralala.
Il y a cependant plusieurs lectures possibles, notamment une lecture féministe que je préfère : Athéna n’a pas puni Méduse. Elle lui a donné des moyens de se défendre contre les hommes, contre ceux qui voudraient lui faire du mal, à elle et à ses sœurs. Peut-être a-t-elle déguisé ce don en punition, mais à Méduse, ce sont des mots de réconfort qu’elle a soufflé, et un pouvoir capable de la rendre intouchable.
Hélas, pour obtenir la main de la princesse qu’il convoitait, le héros Persée se retrouve à décapiter Méduse, aidé par Hermès. Deux gouttes de sang jaillissent alors : l’une peut guérir toutes les maladies, l’autre est un poison mortel. Les deux facettes de la pharmacopée.
Ce que je trouve intéressant, c’est que le bouclier que porte Athéna, l’égide, représente Méduse, voire est le masque, le visage, la tête de Méduse transformée en bouclier ou fixée dessus, selon les versions. On peut ainsi penser que Pallas brandit une preuve du décès de la femme qu’elle a punie… ou au contraire, qu’elle lui rend hommage et montre que les femmes peuvent s’entraider, et se donner le pouvoir les unes aux autres. Se protéger les unes les autres.
Toute interprétation est valide (d’autant plus qu’Athéna se montre dans d’autres histoires tout à fait en rivalité avec d’autres femmes et prompte à la vengeance), mais je préfère celle de la sororité, celle où Athéna a choisi d’aider Méduse, puis de lui rendre hommage, dans ce monde antique où les dieux et les hommes prennent ce qu’ils veulent sans en payer les conséquences.