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Grande première : j'ai une panne d'inspiration... pour ma newsletter !
C'est le comble tout de même !
Ce n'est pas que je manque d'idées : j'ai un fichier intitulé « Idées pour Sublimer » avec – attends, je vais compter – une soixantaine d’idées, réparties également en « mails du mercredi » et « mails du samedi ».
Voilà quelques pitchs :
Ma recherche sur le parfum
Les mots du jour #3 : naumachie, spicilège…
Dis-moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu écris #2 : La Ville sans Vent, Éléonore Devillepoix
La Cosmogonie : La création des calendriers et des saisons
Les différents modes d’édition
Pourtant, aucune d'entre elles ne me donne envie aujourd'hui. J'ai bien essayé de me lancer sur les calendriers, mais... après avoir relu la page Wikipédia sur les calendriers, je me suis dit que j'allais encore partir beaucoup trop loin et que j'allais me prendre la tête.
Le pire, c'est que je viens de retrouver un bon flow pour l'écriture du roman lui-même. Faut-il alors que j'en conclue que je n'arrive pas à être productive simultanément en écriture fictionnelle et en écriture extradiégétique ?
Pas non plus, puisque j'ai eu des semaines où les deux fonctionnaient main dans la main !
J'en arrive donc à la question à 1000 roubles (ça fait pas beaucoup, à peu près 11 €) : comment écrire quand l'inspiration spontanée ET l'inspiration provoquée ne fonctionnent pas ?
J'écris sur la panne d'inspiration, pardi !
Et, comble des combles, voilà que ce sujet m'inspire !
Comme c'est la première fois que ça m'arrive pour la newsletter, je peux t'en parler sans craindre de redites... Ce qui ne sera pas le cas la prochaine fois. (Je verrai quand j'y serai, a problem for another time comme on dit en anglais.)
Voilà les trois questions que je me pose lorsque je suis en panne d’inspiration (j’ai déjà prévu de te parler de mon obsession du chiffre 3, ce sera un sujet pour plus tard) :
Pourquoi est-ce que j’ai une panne d’inspiration ?
Qu’est-ce que je peux faire pour en sortir ?
Que m’a appris ce processus ?
Pourquoi est-ce que j’ai une panne d’inspiration ?
Qu’est-ce qui la provoque ?
La réponse à cette question me vient facilement : ce soir, des amiǝs viennent dîner.
Je sais donc que je serai interrompue dans mon processus créatif, mais qu’en plus, je vais devoir fournir de l’énergie (un des problèmes de l’introversion) et donc je ne suis pas sûre d’avoir encore de l’énergie créative à fournir après leur départ.
(Je précise que ça ne m’empêche pas d’adorer ces amiǝs et de profiter de leur présence !)
Mon esprit se dit donc : à quoi bon démarrer le moteur diesel, si c’est pour qu’il soit coupé alors que j’aurai tout juste commencé à rouler ?
Qu’est-ce que je peux faire pour en sortir ?
Une fois que j’ai conscientisé ce blocage, je me donne une petite pause, je quitte mon écran d’ordinateur afin de fuir le regard plein de reproche de ma page blanche, et je me fais un petit thé, je prends l’air, bref, je me change les idées.
J’en profite pour me plaindre à mon amoureux de ma panne d’inspiration par message.
Pour être tout à fait honnête, j’ai commencé par la pause, au cours de laquelle j’ai pris conscience des raisons du blocage, mais ça ne fonctionne pas toujours dans ce sens-là.
Ma pause a eu l’effet salutaire de me donner l’idée d’écrire sur la panne d’inspiration. Je sors donc mon téléphone et je commence à rédiger directement sur l’application Google Keep le début du texte. Le changement d’outil (sur écran tactile au lieu d’un clavier) me force à réfléchir plus lentement, ce qui me donne d’autres idées au fur et à mesure.
Une fois ces premiers mots posés, je retourne à mon ordinateur, je récupère le texte que j’ai déjà rédigé via la version bureau de Google Keep et je copie-colle le tout sur mon fichier LibreOffice.
Ensuite, je continue à écrire, en faisant bien attention à ne pas me corriger pendant que j’écris : c’est l’une de mes mauvaises habitudes.
En effet, lorsque j’écris, j’ai tendance à m’interrompre tous les 2-3 paragraphes pour relire et corriger ce que j’ai déjà composé. Or, dans l’état dans lequel je suis, je sais que mon inspiration est vacillante, donc je me force à poursuivre la rédaction sans revenir en arrière tant que je n’ai pas fini. Sinon, je risque de me couper et de perdre le fil… ce qui serait dramatique, vu comment j’ai eu du mal à le tirer de l’écheveau de mes pensées aujourd’hui !
Je reviendrai sur ce qui a déjà été posé lorsque j’aurai fini : au moins, je serai allée au bout de mes idées, je ne risque plus de les perdre.
Que m’a appris ce processus ?
Cette troisième question, je l’ai notée tout à l’heure, lorsque j’ai parlé des trois questions. Parce que je ne voulais pas écrire « deux questions ». Du coup, je suis maintenant confrontée à une question que je ne me serais peut-être pas posée si je n’avais pas cette monomanie du chiffre 3 (cette trixamanie ?).
Tant mieux ! Et c’est là toute la beauté de l’écriture presque automatique : c’est qu’en me penchant sur l’origine maniaque de cette question, j’y trouve réponse par la même occasion.
Grâce à ce processus, je me suis demandé ce que ce processus m’apportait.
C’est un peu le serpent qui se mord la queue.
J’ai envie d’approfondir la réponse, sans trop savoir où va me mener cette réflexion.
En sus de me forcer à considérer cette interrogation, ce processus m’a permis d’écrire sans me relire au fur et à mesure. Enfin, je devrais plutôt dire qu’il m’a forcée à écrire sans me relire. C’est un réel effort, mais je me rends compte qu’il m’est bénéfique.
Première leçon :
Je devrais appliquer ce mode de fonctionnement à l’écriture de mon roman. La tâche pourrait se montrer difficile au début, pour se révéler très enrichissante car je risquerais moins de perdre le flux.
Ce processus m’a également permis de m’apercevoir que la venue de mes amiǝs ce soir ne m’empêche aucunement de me mettre à l’écriture. Il vaut mieux avoir écrit un peu, devoir m’interrompre et peut-être ne pas parvenir à m’y remettre après leur départ, plutôt que de ne rien avoir écrit du tout.
(Surtout qu’en fin de compte j’ai tout à fait réussi à m’y remettre après leur départ.)
Deuxième leçon :
(Est-ce que tu vois venir que je vais faire en sorte d’avoir une troisième conclusion ? Parce que moi, oui.)
Je dois écrire sans penser aux éléments qui pourraient venir m’interrompre.
Si je me focalise sur ce qui m’empêche d’écrire plutôt que ce qui me fait écrire, je ne vais jamais écrire.
(Ça fait trois répétitions du même verbe dans la même phrase, mon obsession du chiffre 3 est satisfaite, mais ma répugnance littéraire face aux répétitions est déçue. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.)
Et enfin (oui, je vais vraiment chercher une troisième conclusion), ce processus m’a appris que je peux même tirer de l’inspiration d’une panne d’inspiration. J’aurai écrit cet article beaucoup plus vite que la plupart de mes mails précédents.
Il m’a fallu trente minutes pour écrire tout ce que tu viens de lire (sans compter le temps de lecture et de correction, bien entendu), donc pour un article de même longueur que mes publications habituelles, j’aurai quasiment divisé le temps de production par deux.
Troisième leçon :
(Mon obsession du chiffre 3 est extatique.)
Je peux écrire bien plus vite si je ne passe pas mon temps à me relire. Et il me suffit de prendre une pause pour parvenir à trouver des éléments intéressants à évoquer (enfin, j’espère) même sur une panne d’inspiration !
Et voilà, panne d’inspiration vaincue !
Je suis plutôt contente d’avoir pu te permettre de découvrir avec moi comment je surmonte une panne d’inspiration.
J’espère que cette méthode pourra t’aider à vaincre la terrible page blanche – et je t’enjoins dans tous les cas à noter les idées que tu as au moment où tu les as ! Mieux vaut avoir un bloc-notes, qu’il soit physique ou virtuel, couvert d’idées que tu n’exploites finalement pas que de ne pas les noter et ainsi « perdre » l’occasion de composer quelque chose à ce sujet.
Sur ce, je te dis à samedi !