Balzac vidait des litres de café pendant qu’il travaillait, Truman Capote ne rédigeait qu’allongé, et Ernest Hemingway n’écrivait que le matin… À chaque auteur son fonctionnement !
Ici, je ne parle que de moi (je suis, après tout, le sujet que je maîtrise le mieux - et le moins bien, mais on y reviendra), donc je vais te parler de mon organisation et de mes modes d’écriture !
Les pages du matin
Tu l’as peut-être compris : je suis une autrice nocturne. Cela ne m’empêche pas d’écrire en journée ; en revanche, je me lève tard. Très tard. Entre 10h et 13h en fonction des jours (ou plutôt, en fonction de l’heure à laquelle je me suis couchée).
Je prends le temps d’émerger (c’est important), puis j’écris les pages du matin. Il s’agit d’un système théorisé par Julia Cameron dans son livre Libérez votre créativité et que j’ai découvert grâce à… Nicolas Galita (oui, il m’a appris vraiment plein de choses). Voilà comment l’autrice évoque ces pages quotidiennes :
Les pages du matin sont trois pages d’écriture manuscrite et de flux de conscience, faites en tout début de matinée. Il n’y a pas de mauvaise façon de les faire, elles ne sont pas de l’art, elles concernent tout et tout ce qui vous vient à l’esprit. Les pages du matin provoquent, clarifient, réconfortent, cajolent, hiérarchisent et synchronisent la journée qui arrive. Ne pensez pas trop aux pages du matin : mettez simplement trois pages de n’importe quoi sur la page… puis faites trois autres pages demain.
Elle recommande d’écrire ces trois pages au saut du lit et à la main. Bon, j’y déroge un peu, puisque je prends mon chai matinal avant de coucher les lignes sur le papier – et je fais trois pages A5 au lieu de trois pages A4, donc pas tout à fait autant qu’elle ne le recommande. Mais l’exercice est très intéressant ; j’ai commencé début mars et je n’ai manqué que de rares entrées, moi qui n’ai pourtant jamais réussi à tenir un journal intime !
Pour celleux que ça intéresse, il existe une plateforme en ligne pour écrire ces pages, avec les statistiques correspondantes, mais… je ne suis pas sûre de vraiment la recommander, car je pense que l’utilité de ces pages provient notamment de la lenteur et de l’effort de l’écriture manuscrite ! De ce que je vois, cette plateforme n’est pas dédiée aux pages du matin de Julia Cameron, mais davantage à la création d’une chaîne quotidienne d’écriture créative – et non pas de ce « lavage de cerveau » matinal.
Dernier détail sur ces pages du matin : l’autrice recommande de ne pas relire ce qui a été écrit avant… huit semaines !
Question : est-ce que cela t’intéresserait que je partage quelques extraits de mes pages ? Ça n’a aucune vocation artistique, mais ça peut donner un aperçu plus prosaïque de mes journées !
Le lundi, jour des réseaux
Lorsque j’ai lancé cette newsletter, j’écrivais mes mails la veille pour le lendemain – au plus tôt, deux jours en avance. Seulement, ce fonctionnement me provoquait un déséquilibre, une procrastination de l’écriture de Sublimes… qui m’a rapidement coincée, si bien que je me suis retrouvée dans une panne d’écriture.
J’ai donc décidé de réserver mon lundi à la rédaction de mes articles de newsletter et de mes posts pour les réseaux sociaux. Je passe environ deux heures par mail et une heure trente à trois heures pour les posts Facebooks (et Instagram quand je m’y mettrai pour de bon), ce qui me fait une bonne journée de travail.
Quant au choix des sujets, il se fait de plusieurs manières. Lorsque j’ai lancé la newsletter, j’ai noté toutes les idées qui me venaient, donc j’ai pas mal de thèmes dans lesquels je peux piocher en fonction de mon envie ; et d’autres surgissent au fur et à mesure de mon écriture – et des échanges que j’ai avec vous, mes lectricǝs !
Idem pour les publications sur les réseaux sociaux : leurs sujets répondent à ceux de la newsletter, ou bien sont des petits encarts, qui peuvent éventuellement se muer en articles plus conséquents par la suite. Hier soir (au moment où j’écris cet article), alors que je peinais à m’endormir, j’ai noté toutes les idées pour mes petits posts Facebook de la semaine ! (Avec Google Keep, sur mon téléphone, pour celleux que ça intéresse.)
Voici ce que j’ai noté (je n’ai rien modifié, c’est exactement comment je l’ai noté, les yeux à moitié collés, alors que j’essayais de m’endormir), et qui correspond donc aux posts du 11 au 17 mai :
Faire un post / un article sur les règles (menstruations) dans la littérature fantastique (finalement, j’ai décidé d’en faire un article complet, probablement la semaine prochaine ou la suivante)
Bordel organisé "quand j'étais petite..." vs mes dossiers sur ordi toujours bien rangés + parler de mon obsession du classement et évoquer (segue) le classement par type / format d'articles sur substack (pour ce post, j’ai dû adapter car j’avais mal compris le classement mis en place par la plateforme)
Écrire jusqu'au petit matin
Le féminin l'emporte sur le masculin
Connaissez-vous la différence entre fer et acier ? Entre estoc et taille ? Cf article forge
Dinner&diatribes
Voler comme un artiste / anecdote de l'éditeur au chapeau
Du mardi au dimanche : l’écriture romanesque
Le reste de la semaine est consacré à Sublimes. Après mes pages du matin, je fais une balade avec Gally, ma chienne (tu as même droit à une photo), ce qui me permet de me vider l’esprit une seconde fois – ou de trouver l’inspiration dans la nature – puis je mange, et je me mets à l’écriture.
J’ai tendance à dire que je suis un diesel : je mets très longtemps à démarrer. Une fois que je suis face à mon ordinateur, je regarde souvent des vidéos (la plupart du temps des clips musicaux) sur YouTube, jusqu’à trouver une playlist qui me donnera le flow. Ça peut prendre dix minutes comme deux heures, en fonction de ma motivation.
Puis, je regarde mon fichier « Intrigues » pour me remettre en tête ce qui doit arriver au personnage dont j’écris le point de vue aujourd’hui. En général, j’écris un chapitre en un à trois jours, en fonction du flux et de la complexité des événements. Si je commence un point de vue, je relis le dernier point de vue du personnage concerné ; si je reprends un point de vue commencé la veille, je relis ce que j’ai rédigé la veille… puis je me mets à écrire.
Et là, tout dépend de mon énergie : je peux très bien arrêter l’écriture après une ou deux heures… ou bien poursuivre jusqu’à 2, 4, parfois même 6 heures du matin !
Voilà, j’espère que cette petite découverte de mon rythme de travail t’a intéresséǝ, et je te dis à la semaine prochaine (peut-être pour parler des menstruations dans la littérature fantasy ? Qui sait !).
Bonus
Nicolas Galita produit un podcast dans lequel il s’entretient avec des artistes (ou personnes qui ne se considèrent pas nécessairement artistes, d’ailleurs). Il m’a fait l’honneur de me proposer d’y participer, et j’ai bien évidemment accepté !
Si tu veux m’entendre répondre à ses questions, l’interrompre parce que je ne sais pas quand il faut parler, et rigoler fort quand je ne sais pas quoi dire (bon, et aussi m’écouter parler de mon parcours, de mon rapport à l’écriture et de musique classique), tu peux retrouver l’épisode sur YouTube ou sur les plateformes de podcast habituelles (Le Syndrome de la Page Noire) :
'Question : est-ce que cela t’intéresserait que je partage quelques extraits de mes pages ?" : Oui 😁
Moi aussi j'essaie de faire parfois les pages du matin, mais je suis bien moins assidue que toi. Il m'arrive de ne pas en faire pendant 1 mois 😅
Alors, oui, nous voulons quelques extraits de tes pages.
Pour le site "3 pages", je l'utilise depuis 23 jours déjà, grâce à cette conversation où tu m'as fait découvrir le concept des pages du matin. Effectivement, on passe par un clavier, ce qui est un peu moins inspirant/thérapeutique, mais dans mon cas, le côté "gamification" d'avoir des statistiques et des petites cases qui se valident lorsqu'on a fait ses pages est la seule chose qui garantit que je revienne tous les jours ! Un cahier manuscrit, je ne l'aurais pas tenu, je me connais. Du coup, je trouve que ça peut être une bonne solution, selon les personnes, soit pour initier l'habitude, soit pour la maintenir.
Pas l'impression que ce soit orienté écriture créative, le site se promeut à moitié comme "ton auto-psychanalyse", du coup je pense qu'on est dans le thème du vidage de tête. Dans mon cas, j'écris vraiment tout et rien, de ma liste de courses au rêve de la nuit, à la conversation avec une amie en passant par des notes de scénario, etc... parfois tout ça le même jour !