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Lorsque Twilight est sorti au cinéma, il a eu la réception que nous lui connaissons : beaucoup de succès auprès des adolescentes (dont je faisais partie) et de la moquerie de la part d’une frange importante de la gent masculine.
(Lorsque j’ai créé cette newsletter, je ne m’attendais vraiment pas à parler autant de Twilight, je t’assure !)
Je ne reviendrai pas sur le sexisme de ce mépris. Non, aujourd’hui je veux te partager un meme qui m’avait beaucoup marquée, parce qu’il m’avait vexée.
Sans plus attendre, le voici :
Je pense que tu te doutes de la raison pour laquelle ma susceptibilité avait été titillée : l’idée pour Sublimes m’est venue dans un rêve. Plusieurs, à vrai dire, avec des thèmes récurrents communs.
De l’importance de noter ses rêves
Comme je note très souvent mes rêves, j’ai l’un de ces récits que je vais te redonner tel quel – et l’un qui s’est juste gravé dans ma mémoire, car c’est lui qui m’a donné le déclic pour Sublimes.
Celui dont je me souviens :
Le goutte-à-goutte des stalactites humides résonne, contrepoint cristallin au bruit de nos pas dans la grotte. Nous avons perdu notre plan, nous nous sommes égarés dans ce labyrinthe souterrain.
Le boyau s’élargit, et se pare de flambeaux accrochés de part et d’autre. Face à nous se dresse une immense porte à double battant, de bois neuf et brillant. Les anneaux démesurés qui servent à la fois de heurtoirs et de poignées sont placés plus haut que le plus grand de notre groupe : sommes-nous arrivés sur le palier d’un géant ?
Les portes s’ouvrent – l’innommable se produit.
Je fuis, je fuis, je fuis. Je suis cachée entre les parois des pièces, et je bénis ma petite taille qui me protège.
Tout autour de moi, je les entends mastiquer.
Celui que j’ai noté, du 8 avril 2010 (l’année de mon BAC, pour situer) :
« Une journée dans ce parc d’aventures, beaucoup d’amusement, des tas de kilos en moins, que 20€ ! » lis-je dans un magazine.
C’est la destination choisie par mon établissement, puisque ma classe de terminale a l’occasion de passer une journée dans ce parc d’attractions.
Nous y retrouvons une autre classe de jeunes gens, qui sont, eux, responsables du parc. Ils n’ont pourtant pas l’air de s’en préoccuper outre mesure, vu l’aspect désolé du lieu : entre les ruines, la végétation grimpante a envahi la pierre, et a fait dépérir les rares arbres.
Le but de l’aventure est… de ne pas tomber dans les nombreux pièges. Ils ne sont pas inoffensifs, réalisé-je en voyant une amie tomber dans un trou et s’empaler sur un pieu acéré.
Je devine alors, par une intuition onirique, que les jeunes responsables du parc sont anthropophages. Je décide d’aller prendre un bain plutôt que de tomber dans un piège et de me retrouver « abîmée ». Une gentille cannibale me fait entrer dans la salle de bain.
Deux autres jeunes arrivent pendant que je prends mon bain. On parle de moi en tant que « viande ». Ça me vexe. Je me réveille.
(Comme quoi, la susceptibilité est un moteur, chez moi. Et arrête tout de suite d’essayer de me psychanalyser par rêve interposé, ça fait 11 ans !)
Voilà donc deux rêves – parmi une flopée d’autres – qui m’ont donné des idées, grâce auxquels je me suis lancée dans l’aventure colossale qu’est une trilogie. D’où mon déplaisir lorsque j’ai rencontré le meme ci-dessus : ce n’est pas parce que l’œuvre de Stephenie Meyer déplaît à certains que l’inspiration onirique n’a pas de valeur.
D’autant plus que la citation a été tronquée dans l’image ci-dessus. Ce que Dumbledore dit à Harry Potter, c’est :
It does no good to dwell on dreams and forget to live.
Ça ne fait pas grand bien de s’installer dans les rêves en oubliant de vivre.
La citation change ainsi totalement de sens !
Pourquoi se contenter d’un seul rêve ?
Sublimes n’est d’ailleurs pas le seul roman né de mes aventures nocturnes.
Je rêve de façon si vivace, si fantaisiste, que j’ai eu l’idée d’un roman ou d’une série de romans que j’écrirai après Sublimes… basé sur les rêves.
D’autres inspirations s’y mêlent : le roman Les Neuf Vies du Magiciens (The Lives of Christopher Chant) de mon autrice préférée, Diana Wynne Jones, l’excellente série de science-fiction Fringe – et peut-être un peu Sense8 des sœurs Wachowski.
Le titre de ce récit serait Rêvalité, et voici l’idée de départ :
Fait peu connu, il existe une infinité de mondes parallèles, certains presque identiques, d’autres différents en tous points. A son insu, chaque individu a des alter ego sur tous les autres mondes.
Notre héroïne, dénommée A (un prénom simple, clair et concis), rêve toutes les nuits d’un de ces autres mondes, où elle agit en tant que B, son alter ego. Ce qu’A ne sait pas, c’est que B rêve ainsi de la vie de C, C de celle de D, et ainsi de suite jusqu’à F (ou G – je ne sais pas encore si j’exploite mon obsession du chiffre 3 (qui serait ici doublé) ou celle du chiffre 7) qui rêve de A.
Le twist ? Lorsqu’iels pensent rêver, ces héroïnǝs agissent « pour de vrai » dans le monde de leur alter ego.
Et pour un maximum de vraisemblance onirique, j’ai donc entrepris de noter tous les rêves fantaisistes que je fais, ceux où je me retrouve au milieu d’une invasion de zombies, ceux qui se passent dans un futur cyberpunk, ceux où la mégafaune cohabite avec les humains… Chacun de ces rêves deviendra le point de départ pour l’unǝ de mes six ou sept protagonistes.
Alors, comme moi, ne te laisse pas intimider par celleux qui disent que les rêves font de mauvais guides créatifs : c’est faux. Ce qui importe, c’est ce que tu fais de ton rêve, comment tu le transformes en récit.
Tout ce qui est autour de toi, tout ce que tu lis, regardes, écoutes, explores, contemples, goûtes, ressens, rêves, tout est matière à inspiration.
Alors n’oublie pas de noter au réveil ce qui a peuplé ta nuit.
Si tu ne te souviens pas de tes rêves, essaie de te dire « je vais essayer de me souvenir de mes rêves » avant d’aller te coucher. Et, au réveil, si la moindre bribe flotte encore dans ton esprit, note-la ! Plus tu sollicites ainsi ta mémoire, meilleure elle devient pour garder dans ta « mémoire vive » quelques fragments oniriques, qui deviendront avec l’habitude des épopées intégrales !
Sur ce, je vais moi-même m’abandonner aux bras de Morphée (oui, j’écris toujours la nuit, ça n’a pas changé) – et, j’espère, rêver d’un monde merveilleux, féerique ou… angoissant !
Non mais, le vrai problème de Twilight, c'est l'hétéronormativisme mormon de l'oeuvre et le danger qu'il représente pour les jeunes femmes qui normaliseront la palanquée d'éléments relationnels toxiques qu'il y a dedans. Une critique expansive et humouristique par ici : https://www.youtube.com/watch?v=PIIinxtzrYI
Il est possible d'ignorer l'intro (avancer à 2:20) et les chansons, si jamais (dans ce cas, commencer à 5.40). Oui, c'est tout un concept, cette émission X)
Rêvalité, c'est super cool comme nom. Pourquoi ça n'existe pas déjà ?
Les mondes oniriques sont un thème très récurrent chez moi aussi, et je remarque, si je peux en juger d'après ces deux exemples, que nos rêves se ressemblent un peu !