Je teste un truc pour les mails de + de 10 minutes de lecture : un petit TLDR (“too long, didn’t read” / “trop long, j’ai pas lu”) en intro. Dites-moi ce que vous en pensez en commentaire. ✨
En novembre, une thérapeute m’a envoyé une vidéo transphobe, sexiste et validiste, pensant bien faire. J’ai été sidéréə, blesséə – et je reprends la parole 6 mois plus tard sur le sujet. Ce texte est une plaidoirie – pas un réquisitoire – pour rappeler que :
➡️ Oui, les personnes autistes sont surreprésentées parmi les personnes trans (et inversement), mais ce n’est ni une mode ni une confusion.
➡️ Non, les personnes trans autistes ne sont pas incapables de se connaître elles-mêmes.
➡️ Oui, les pros ont un rôle essentiel à jouer, en choisissant d’accompagner plutôt que de pathologiser.
➡️ Non, on ne doit pas avoir à justifier notre existence.
Temps de lecture : 13 minutes
En novembre dernier, j’ai partagé plusieurs articles sur le lien entre autisme et queerness. Peut-être avez-vous remarqué que ça n’a plus été le cas depuis.
C’est parce que je me suis pris un taquet psychologique et que, comme un escargot, je me suis recroquevilléə dans ma coquille et que j’ai attendu d’avoir le courage de ressortir mes antennes, l’une après l’autre, et de reprendre ma route sans craindre tout ce sel agressif.
L’origine du taquet ? Une thérapeute qui m’a accompagnéə lors de mon diagnostic autistique et à qui je faisais assez confiance pour lui avoir partagé ma newsletter. Elle m’a envoyé une vidéo sur l’autisme et la transidentité1 en me disant qu’elle avait pensé à moi en la regardant.
Je suis certainə qu’elle ne pensait pas à mal – au contraire – mais le contenu de cette vidéo m’a misə en état de sidération : il y est dit par les intervenantes (femmes cis, 2 allistes et 1 autiste) que les hommes trans et personnes non-binaires autistes sont des femmes déroutées par les normes genrées, « induites en erreur » par leur fonctionnement autistique.
J’ai ressenti un choc violent, un sentiment de trahison – et je n’ai pas pu répondre. Après 6 mois de silence, je veux reprendre la parole sur le sujet et exorciser ce petit traumatisme.
Même si je veux croire que les personnes qui défendent ce genre de discours ont vraiment l’impression de protéger, j’ai besoin d’expliquer à quel point ce positionnement est néfaste, douloureux, voire mortel.
Autisme et transidentité : corrélation, pas causalité
Les voix scientifiques et autistes
Commençons par rappeler quelques faits, en sachant que les études sont encore récentes et diverses, les échantillonnages pas toujours idéaux ou suffisants. En se basant sur la plus globale, on constate que les personnes trans ou non-conformes de genre ont 3 à 6 fois plus de chances d’être autistes que les personnes cisgenres.
« L'étude n'explique pas cette prévalence et ne dit jamais qu'il y a un lien de causalité entre les deux. C'est une coexistence de l'autisme et de la transidentité. » (Source)
Même si on n’a pas d’explication officielle, beaucoup de personnes autistes expliquent elles-mêmes cette disparité par une vision du monde liée à leur autisme : les normes sociales manquent souvent de sens ou de logique pour les personnes autistes (la hiérarchie, le vouvoiement, les règles de politesse, le small talk…). Il n’est donc pas étonnant que les normes de genre, arbitraires au possible, n’échappent pas à cette remise en question autistique.
On peut aussi penser à l’hypersensibilité sensorielle, qui génère une attention particulière à l’inconfort corporel, ou encore le flux de pensées constant qui crée un rapport à soi très direct.
Sans oublier que de nombreuses personnes autistes se retrouvent à masquer et que la performance du genre est souvent une partie particulièrement douloureuse de ce masque – notamment les restrictions, objectification et aliénation des normes de genre féminines (et ça, il n’y a pas que les autistes pour le dire).
D’autres études montrent que le nombre de personnes trans autistes est proportionnellement plus élevé que celui de personnes trans allistes.
On a donc le constat suivant : il y a davantage de personnes trans chez les autistes et il y a davantage d’autistes chez les personnes trans. Mais ça n’empêche pas qu’il y a beaucoup de personnes autistes cisgenres et beaucoup de personnes allistes trans.
On est en tous cas loin des généralisations à la Raoult (« Chez les transgenres vous avez déjà entre 40 et 50% d’autistes, vous avez 20-25% de schizophrène dedans »), qui provoquent des réactions à la fois validistes et transphobes, comme dans la vidéo mentionnée en début de mail.
Une histoire de mode ?
En effet, en exploitant ces chiffres, ou en constatant en cabinet que de nombreuses personnes autistes présentent des identités de genre hors de la cis-identité, des personnes comme celles de la vidéo problématique parlent, comme souvent, d’un « effet de mode ».
Alors on a vraiment affaire à une mode incroyable : non seulement il y a une mode de l’autisme, mais aussi une mode de la transidentité et d’orientations sexuelles non-hétéro, mais en plus une mode de l’autisme trans. 🙄
Si vous saviez comme ça me fatigue…
Par un effet de dissonance cognitive absolument superbe, la mode « autisme-trans » est la pire chose qui puisse arriver. Oui, car la mode c’est une bonne chose quand il s’agit de s’intégrer à la société (le langage business, les métiers populaires, la mode vestimentaire…), mais une très mauvaise chose si ça sort des normes (et que ça valide la sortie de ces normes).
De la même façon que le nombre de personnes gauchères a augmenté en pic quand on a cessé de punir les enfants qui écrivaient de la main gauche, eh bien, quand on a enfin des outils pour identifier l’autisme, c’est normal qu’on identifie des personnes autistes, et quand on vit dans une société qui est moins répressive sur les identités de genre et les orientations sexuelles ni cis ni hétéro, c’est normal que les personnes concernées s’expriment un peu plus.
Pour preuve, il y a des personnes autistes et trans qui ont plus de quarante ou cinquante ans et qui savent qu’elles sont trans depuis l’enfance, comme Ethan, intervenant dans l’excellent webinaire « Webinaire iMIND 11: Identité trans et TSA - démêler le vrai du faux ».
Ou cette anecdote que j’ai lue d’une personne sexagénaire qui entend deux personnes plus jeunes parler de non-binarité et de pronoms neutres et qui s’exclame : « il y a un nom pour ça ? je me considérais juste comme « courbé » toutes ces années ». (Si je retrouve la source, je la mettrai, mais pour le moment elle m’élude.)
Ce n’est pas parce qu’on se manifeste davantage et qu’on a davantage d’outils pour se reconnaître que c’est un phénomène nouveau. La seule chose vraiment nouvelle, c’est qu’on s’identifie mieux et qu’on se cache moins.
Oui, il existe une corrélation entre autisme et transidentité. Mais une corrélation n’est pas une causalité. Jusqu’à preuve du contraire, l’autisme ne rend pas trans (oui : même parmi les autistes, il y a plus de personnes cis que de personnes trans) et toutes les personnes trans ne sont pas autistes.
Pourtant, certaines personnes – soit par ignorance, soit par malignité – exploitent cette corrélation et essaient de nous faire croire à une causalité… aux conséquences terribles (pour qui ? la réponse ne serait-elle pas « pour le statu quo » ? non, je dois affabuler) (oui, parce qu’en vérité, même si l’autisme causait une prévalence d’identités trans, quel problème cela soulèverait vraiment, si ça rend ces personnes heureuses ? encore une fois, uniquement le bafouement des normes sociales et normes de genre).
Trahison thérapeutique
L’infantilisation des personnes trans autistes
La vidéo problématique que je mentionnais plus tôt est un excellent cas d’école, car elle rassemble beaucoup des pires arguments, liant joyeusement validisme infantilisant, sexisme intériorisé (oui, par un panel de femmes !) et transphobie.
Un des premiers arguments postule que les personnes autistes assignées femmes à la naissance se pensent hommes parce qu’elles ne se reconnaissent pas dans leur rôle de femme, voire parce qu’elles confondent stéréotypes de genre (robes & jupes, maquillage, papotage, etc) et identité de genre.
C’est donc supposer que ces personnes ne sont pas capables d’identifier qu’il y a autant de façons d’être femme qu’il y a de femmes, que les stéréotypes de genre sont des clichés (au sein de normes) et qu’elles font un amalgame entre celles-ci et leur identité de genre.
Admettons que ce soit de bonne foi : en ce cas, c’est « juste » infantilisant, parce que ça sous-entend qu’une personne autiste n’est pas capable de faire la différence entre un stéréotype et une norme de genre, ni d’identifier que les normes sont un cadre, certes restrictif, mais dont on peut se détacher de plein de façons qui ne concernent pas l’identité de genre (porter des pantalons, se couper les cheveux, s’adonner à des activités considérées comme masculines…).
C’est aussi infantilisant d’une seconde façon, car ça postule qu’une personne autiste n’est pas capable d’auto-détermination. On la prive donc d’autonomie en décidant pour elle de ce qu’elle doit penser d’elle-même.
(Ici, j’ai très envie de commencer une tangente sur l’adultisme et la privation d’auto-détermination des enfants, et donc notamment des enfants trans, voire autistes et trans, mais vous vous doutez que mes arguments iraient dans le même sens.)
Seulement, l’infantilisation des personnes handicapées n’est pas nouvelle : le validisme s’exprime notamment par une privation systémique de l’autonomie des personnes handicapées.
Ici, ça se double (se triple ? j’ai perdu le compte) de sexisme, puisqu’on retrouve aussi la notion que les personnes autistes assignées femmes à la naissance ne sont pas bien capables de se définir – alors que les arguments transphobes à l’égard des femmes trans (donc assignées hommes à la naissance) vont davantage être de l’ordre du risque qu’elles puissent être des prédatrices.
On retrouve la dichotomie faiblesse / agression, une belle binarité bien pratique.
D’autres arguments affirment que certaines personnes trans autistes font du prosélytisme – forçant de jeunes autistes perduəs à devenir trans –, ce qui est une aberration. Il n’y a pas de lobby trans. Il y a juste une communauté trans, où existent une entraide et une adelphité importantes et nécessaires dans une société où la transidentité est encore mal comprise et mal vue.
« Tout comme on ne « devient » pas homosexuel en apprenant l'existence de l'homosexualité, on ne « devient » pas trans en apprenant l'existence de la transidentité. Il n'y a pas de risque de « confusion ». Il ne coûte rien d'en parler pour sensibiliser les personnes. Ce sera toujours utile, que ce soit pour les personnes elles-mêmes, ou pour leur compréhension d'autrui. » (Source)
D’autres arguments s’appuient sur la présence de personnes désisteuses, comme celle qui s’exprime dans la vidéo, c’est-à-dire des personnes qui ont entamé ou effectué un parcours de transition et qui finalement regrettent et/ou annulent leur transition.
C’est vrai, elles existent, et si elles ont déjà effectué des interventions chirurgicales irréversibles, ces réalités peuvent être dramatiques et très douloureuses. Cependant, comme dit dans le webinaire iMIND :
« […] Quand on regarde d’un point de vue macro — c’est-à-dire si on prend un peu de recul et qu’on regarde toutes les situations de transidentité ; et [qu’on observe] le poids et les bénéfices d’un accompagnement [au] parcours de transition versus ne pas accéder à ces demandes-là, le bénéfice/risque est très très clairement en faveur d’un accompagnement ouvert à l’expression de genre et à la transidentité. Ça, pour le coup, c’est vraiment quelque chose qui n’est pas discutable. Si on regarde l’ensemble des situations de transidentité, les taux de regret, qui sont très néfastes, sont minimes, […] en réalité, par rapport à la masse. »
Quant à la personne désisteuse de la vidéo, elle avait effectué une transition sociale masculine de ses quinze ans à ses dix-huit ans, dans un contexte familial très opposé à cette transition, et est revenue vers une identité féminine en arrivant à la fac. Il n’y a pas eu de modifications corporelles à regretter (et même s’il y avait eu un aspect médical, ça aurait été sous forme de bloqueurs de puberté, dont l’arrêt aurait… débloqué la puberté, juste quelques années plus tard que prévu). Ce pourrait tout aussi bien avoir été une phase d’expérimentation et de découverte du genre.
Une phase d’expérimentation qui marche tout pareil avec le genre qu’avec l’autisme, comme l’a si éloquemment posé
dans son article sur le mindsplaining :Voici ce qu'il se passe si vous dites "je suis autiste" et que vous vous êtes plantés
Vous allez rencontrer des gens dont vous pensez être proches, mais en fait non
Vous allez piocher dans les ressources de la communauté et vous essayez les stratégies, mais ca ne donne pas d'effets flagrants.
Vous vous lassez un peu.
Vous comprenez que vous vous êtes plantés.
Vous arrêtez de dire "je suis autiste"
Et il ne s'est absolument rien passé de grave.
Je retrouve là encore (dans la vidéo, pas dans la citation de Jean-Michel) une vision très rigide du genre et de l’identité, alors qu’au contraire, l’un comme l’autre peuvent changer au cours de la vie, sans passer forcément par une transition, mais simplement dans la façon dont on est au monde.
Une femme cis peut passer sa jeunesse à porter des robes, puis décider à ses vingt ans qu’elle préfère porter des pantalons, sans que ça remette en question son identité de genre ! Un homme cis peut se teindre les cheveux en rose ou porter du vernis à ongles et se considérer 100% homme cisgenre.
Pour citer la conclusion d’un panel d’experts scientifiques :
« Le groupe d'experts a tiré les conclusions suivantes (1) il est important de respecter le bien-être et la résilience des autistes transgenres, tout en reconnaissant la pathologisation et la stigmatisation dont iels font l'objet ; (2) les autistes transgenres sont des experts de leur propre identité et devraient être impliqués dans tous les aspects de la recherche et des soins cliniques ; (3) des recherches sont nécessaires pour comprendre les disparités auxquelles les autistes transgenres sont confrontés ; (4) les tentatives visant à restreindre l'accès des autistes transgenres aux soins liés au genre ne sont pas étayées par les recherches existantes […]. »
Les pros de la santé ont un rôle à jouer
Recevoir cette vidéo, avec ces arguments infantilisants, décrédibilisants, de la part d’une thérapeute en qui j’avais confiance a été très douloureux pour moi, d’autant plus que je vis beaucoup de doute identitaire à cause du démasquage et que je peux partir en spirales anxieuses très facilement.
Ce qui a évidemment été le cas.
Après quelques jours douloureux (l’anxiété, ma chère amie, le manque de légitimité, ce boulet, le flou identitaire, pour parfaire la trinité), j’ai réussi à me confirmer assez facilement mon identité de genre, ma chère non-binarité.
Il n’empêche que recevoir cette blessure de la part d’une thérapeute était… inattendu, pour manier l’euphémisme. Alors j’aimerais inciter les thérapeutes et pros à se renseigner, tant sur l’autisme (encore très très mal connu, si bien que même des psys autistes peuvent ne pas savoir qu’iels sont autistes) que sur la transidentité (mais pas avec un angle pathologisant, sivoupléééé).
Parmi les études citées, certaines incitent à effectuer un dépistage de l’autisme ou de troubles neurodéveloppementaux auprès des personnes trans qui consultent des pros de la santé mentale ou commencent un parcours médicalisé de transition.
Eh bien, en soi, c’est une excellente démarche, parce que l’intersection existe, quand le but de ce dépistage est de pouvoir mieux accompagner ces personnes dans leur parcours et leur rapport à leur identité de genre (et leur donner des clés sur tous les autres aspects de leur vie). Pas quand il s’agit de les infantiliser, de les ficher et/ou d’utiliser leur atypie comme raison pour dévaluer ce que ces personnes savent et affirment sur leur propre identité.
Exemple similaire : le service de nutrition du CHU de Rouen a mis en place un dépistage de l’autisme auprès de sa patientèle… parce que les Troubles du Comportement Alimentaires sont fréquents chez les personnes autistes.
Or, les TCA liés à l’autisme ne peuvent pas être abordés de la même façon que les TCA des personnes allistes : il faut s’adapter aux spécificités alimentaires liées aux sensorialités, à l’orthorexie ou à la dysfonction exécutive autistiques. Le dépistage permet donc une meilleure prise en charge et un meilleur accompagnement.
Eh bien c’est tout pareil pour le dépistage autistique des personnes trans. Le but c’est de les aider et de les accompagner, en prenant en compte leurs spécificités.
Par exemple, les personnes autistes ont plus de difficultés avec les grands changements et les transitions (en général, pas les transitions de genre). Donc, même si elles sont certaines de leur identité de genre et de l’éventuelle prise d’hormones ou opération(s) de réassignation de genre (comme la mammectomie pour les hommes trans), avoir une équipe thérapeutique qui l’aide à appréhender, anticiper, gérer la transformation physique facilitera cette étape voulue, nécessaire mais malgré tout complexe.
Ma plaidoirie
Être trans et autiste, ce n’est pas une erreur
Comme je suis de nature optimiste et bienveillante, j’ai presque envie de dire que voir cette vidéo m’a fait « du bien ». Non, ça m’arrache un peu trop les doigts. Elle m’a… confirmé ce que je savais sur moi-même, mais en me faisant passer par des phases très douloureuses et en véhiculant des idées néfastes.
Oui, je suis non-binaire. Non, je ne suis pas une pauvre autiste qui n’arrive pas à rentrer dans les cases de la féminité et qui donc préfère se considérer comme non-binaire.
J’adore la féminité. J’adore en jouer, j’adore la surjouer. Elle fait partie de qui je suis. Pour autant, je rejette certaines attentes genrées liées à la féminité, comme le fait d’avoir des enfants (poids bien plus lourd à porter sur des épaules de femme que d’homme). Je rejetterais ce poids même si je me considérais femme cisgenre, je n’en doute plus du tout aujourd’hui.
Je sais aussi qu’il y a quelque chose en moi de profondément neutre, de l’ordre de l’antigenre, (oui, comme l’antimatière). Et ça fait partie de moi, de qui je suis, et cette absence de genre peut s’exprimer par la féminité : c’est cette complexité qui gêne ou qui perturbe, je pense, parce que ça déborde de toutes les cases connues.
Tant pis, je continuerai à déborder.
Je ne crois même pas qu’il y ait de lien entre mon identité de genre et le fait que je sois autiste. Je sais qu’il existe une identité de genre qui lie les deux (« autigenre ») et j’ai testé l’étiquette pendant quelque temps, mais elle s’est décollée.
L’autisme et la non-binarité sont deux parties de mon identité. Parfois elles se superposent un peu, mais la plupart du temps, elles sont disjointes.
Les personnes autistes en général sont très conscientes de leur différence : la société a tendance a bien marteler ce clou-là. Et même quand on est alexithymique et qu’on a une interoception pourrie, comme moi, l’inconfort (sensoriel, social, identitaire) est quelque chose qu’on discerne assez clairement.
Je crois que ça permet une grande lucidité sur notre identité, justement.
Ainsi, les hommes cisgenres autistes autour de moi, qui se considèrent donc hommes, ont une plus grande propension à rejeter les normes de genre masculines et les normes sociales en général, tant au niveau vestimentaire, que dans la vision du couple / monogamie, la répartition des tâches dans le couple ou encore les sujets et thématiques d’intérêts spécifiques.
Notre légitimité ne se discute pas
Vous n’imaginez pas à quel point je suis fièrə de moi, d’avoir réussi à écrire ce texte, alors qu’il y a six mois, mon cœur passait en arythmie rien qu’à l’éventualiser.
Je pense que c’est important qu’il existe : même s’il ne pourra pas convaincre les personnes certaines de l’inverse, peut-être qu’il pourra créer un lien avec les personnes qui doutent – et celles qui soignent.
Oui, il y a un peu plus de personnes trans autistes ou autistes trans, mais ce n’est qu’une corrélation, qui peut avoir beaucoup d’explications et qui ne justifie aucunement la pathologisation et l’infantilisation sexistes, transphobes et validistes de ces personnes et de leurs – de nos – parcours.
On existe, on est là, depuis longtemps, et on ne disparaîtra pas ! 🏳️⚧️✨
« AUTISME et TRANSIDENTITE » par Dragon Bleu TV
Je suis mentionné, quel honneur!
Petite anecdote sur la transidentité : j'étais transphobe comme tout le monde, par défaut, jusqu'à il y a quelques années quand je me suis mis à regarder avidement les vidéos de contrapoints sur YouTube. Iel était tellement styléɛ que conserver mes préjugés crééait une dissonance cognitive. Si contrapoints avait une souffrance interne, et que celle-ci pouvait etre soulagée aussi simplement qu'en la considérant comme une femme, ma foi je n'y voyais aucun inconvénient.
Enfin tant que c'était derrière un ecran.
Dans la vraie vie je conservais un réflexe de transphobie interiorisée quand je croisais une de ces femmes pas comme les autres.
Et bien pas plus tard que vendredi, sur la piste de danse, je réunis un peu de courage pour affronter mes préjugés et j'invite une meuf trans à danser.
Et bien je suis heureux de pouvoir rapporter qu'il ne s'est rien passé de grave, au contraire c'était super agréable et j'ai senti mes préjugés s'évaporer comme neige au soleil.
Oh misère, ta « thérapeute » t'as conseillé cette bouse… Je l'avais regardée avec une amoureuse parce qu'on espérait y trouver matière à réfléchir (oui, on est comme ça, analyser les discours d'opposition, ça nous aide beaucoup à affuter nos propres explications.) et en fait, c'était si bêtement creux qu'on en a rien tiré du tout.